La découverte de la plateforme APB est parfois source d’un stress incommensurable. Entre la multitude de salons où l’information est trop peu hiérarchisée et une offre de formation prolifique dispensée dans une diversité conséquente d’établissements d’enseignement supérieur, il est parfois difficile de s’y retrouver. Ce stress est d’autant plus accentué par la pression sociale qui s’exerce sur les lycéens afin qu’ils aient “leur diplôme à l’issue d’un cursus linéaire en vue d’une insertion la plus rapide possible sur le marché du travail”. On déplore qu’il n’y ait ainsi aucune place à l’erreur, ni à l’expérimentation dans cette configuration.
Et pourtant les barrières pour une orientation éclairée restent encore multiples et tenaces. Entre le peu de cas fait à l’accompagnement des lycéens dans leurs démarches, à la faiblesse des initiatives lancées visant à limiter les phénomènes d’auto-censure, on se retrouve face à un nombre croissant d’étudiants qui à l’issue d’un semestre ou d’une année se remettent à penser en profondeur la voie qu’ils ont choisie, quitte à en changer.
Afin de répondre à ces enjeux, plusieurs leviers sont envisageables. La création de Licence Portail répondrait à un certain nombre d’enjeux et notamment celui d’une meilleure lisibilité de l’offre de formation. Par ce moyen, tout ou partie d’un domaine d’étude est mutualisé sur une première année de Licence afin de découvrir un domaine de formation et de permettre une spécialisation progressive par la construction d’un projet d’orientation répondant aux aspirations de l’étudiant et maturé en pleine connaissance des réalités vécues dans l’enseignement supérieur ainsi qu’en fonction des appétences développées pour des champs disciplinaires enseignés.
La réflexion autour de l’orientation dans ce contexte ainsi qu’un changement pédagogique visant à valoriser les compétences (savoirs, savoir-faire) sont autant d’éléments qui permettent de donner davantage sens aux enseignements dispensés et à affiner son orientation en conséquence.
Au delà de la réorganisation de l’offre de formation, on peut également valoriser le développement de passerelles. Celles-ci, basées sur le principe de transfert des ECTS permet, par reconnaissance des compétences développées dans une formation initiale de se réorienter dans une autre filière en ayant validé des unités d’enseignement ou certains éléments constitutifs d’unité d’enseignement. Cette logique est d’autant plus intéressante qu’elle permet une réelle diversité dans les profils d’étudiants ainsi que de nouvelles approches de problèmes. Le développement des passerelles permet également de répondre à des aspirations individuelles, une volonté manifeste de développer plusieurs champs d’expertise complémentaires, ou non, mais également de répondre à des aspirations collectives par le développement de l’innovation et de la recherche en apportant des approches différentes sur certaines problématiques.
En conclusion, il est primordial de repenser l’orientation afin qu’elle s’ancre dans une continuité plutôt qu’un couperet irrévocable. En outre, les dispositifs de réorientation doivent être vus comme une réelle opportunité afin d’éviter des situations de blocage, des frustrations, mais également et surtout pour valoriser les compétences développées dans un cadre et les mettre à profit d’un autre domaine.
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