Améliane Michon (FNEK) : Aujourd'hui, cinq IFMK (instituts de formation en masso-kinésithérapie) sur quarante-six sont intégrés à l'université. Trente-deux instituts ont des conventions pour l'année de PACES, la première année commune des études de santé. À peu près 80% des étudiants en kinésithérapie passent donc par la PACES alors que cela n'est censé être permis que par dérogation. On demande à ce que ça soit généralisé, et pas uniquement par dérogation !
L'intégration universitaire permettrait une intégration dans le système Licence-Master-Doctorat, avec une reconnaissance du diplôme à un grade Master, une possibilité de poursuite en Doctorat, l'accréditation de crédits ECTS. Par ce type de formation, nous pourrions avoir une mutualisation plus simple des enseignements avec les autres formations en santé.
Milène Auger (UNAEE) : Pour le moment, onze instituts de formation en ergothérapie sur vingt-et-un sont conventionnés avec une université, les autres sont soit en négociation, soit en cours de signature, soit en train de stagner ou font de la résistance. Les conventionnements sont un premier pas, mais toutefois bien différents d'une "vraie" intégration universitaire. De plus, ces conventionnements sont négociés au local et n'assurent pas obligatoirement aux étudiants un accès aux services universitaires par exemple. Les inégalités sont toujours bien présentes avec ce fonctionnement.
Alice Jamet (ANEP) : Pour nous, l'intégration universitaire nous permettrait d'avoir au moins un niveau Licence bac+3 reconnu, et pourquoi pas de développer des Masters en psychomotricité. Nous avons le soutien de nos formateurs pour que notre formation dure 5 ans, ce serait un moyen d'accélérer les choses !
Aujourd'hui, il y a quelques instituts conventionnés avec des universités mais souvent l'université est loin et n'offre donc pas réellement les services qu'elle distribue aux autres étudiants intégrés à l'université (restaurants et bibliothèques universitaires, élections étudiantes, etc.).
Loïc Massardier (FNESI) : Concernant les étudiants en soins infirmiers, actuellement tous les instituts sont conventionnés avec les universités qui leur attribuent le grade Licence. Par contre, seules six ou sept universités de rattachement ont ouvert le droit de vote et l'accès des étudiants aux services, ce n'est vraiment pas assez !
Cela permettrait, via des départements en soins infirmiers, d'une part de simplifier la gouvernance éclatée des instituts de formation en ayant une tutelle pilote, l'université, et donc de permettre de prendre des décisions en dehors des coquilles vides que sont les groupements de coopérations sanitaires actuels (GCS). D'autre part, cela permettrait également une meilleure mutualisation des moyens et coopération entre les établissements. En effet le maillage territorial est complexe, il y a plus de 300 instituts ! Chacun traite donc de ses problématiques individuellement, sans approche territoriale...
Enfin, cela permettrait de pouvoir créer une véritable filière en soins infirmiers, ce que nous demandons, afin de mêler les compétences académiques de l'université à l'expertise et la professionnalisation amenées par la formation par les pairs et l'alternance de stages. À l'heure où nous parlons de pratiques avancées, d'infirmier clinicien, de décloisonnement des formations de santé et d'adossement à la recherche en science infirmière, l'intégration universitaire est donc une priorité, avec celle d'obtenir un diplôme national de Licence !
Améliane Michon (FNEK) : Et ça permettrait une meilleure collaboration entre professionnels par la suite, c'est une chose importante pour toutes les formations de santé !
Loïc Massardier (FNESI) : Absolument ! Sans parler du rôle social des universités et d'accès à des filières qui ont souvent un coût élevé pour les étudiants d'ailleurs.
Clémence DURAND-TONNERRE (Anesf) : Pour la formation en maïeutique (sage-femme), nous prônons depuis plus de 10 ans l'intégration universitaire autonome, c'est à dire que nous voulons une formation au sein d'une composante universitaire (école notamment). Actuellement, nous sommes la seule formation médicale et pharmaceutique de la PACES (médecine, pharmacie et odontologie)à ne pas être intégrée à l'Université.
Parmi les 32 centres de formation en France (et 3 en DOM-TOM), seule l'école de Marseille est intégrée à l'Université en tant qu'école universitaire. D'autres établissements comme les écoles de Lyon, de Bourg en Bresse, de Lille Catholique et de Paris Poissy sont intégrées sous la forme d'un UFR mixte (médecine - maïeutique / Sciences de la santé). L'école de Grenoble est intégrée sous forme de département au sein de l'UFR en sciences médicales (médecine).
Les autres établissements sont en convention avec l'Université de rattachement permettant la plupart du temps un accès à la BU, à la médecine préventive et au sport universitaire. En ce moment, beaucoup de projets d'intégration universitaire sous forme de département sont proposés par les présidents d'Université.
L'intégration universitaire nous donnerait la reconnaissance de notre diplôme (bac +5) en tant que diplôme national de master (et non de grade master), et permettant ainsi un accès à un 3ème cycle.
De fait, cette intégration universitaire permettrait le développement de la recherche en maïeutique, qui est actuellement inexistante.
De plus, étudiants et professionnels veulent un enseignement par les pairs. Ainsi, du côté des sages-femmes enseignantes, ceci permettrait la création d'un statut au même titre que les enseignants en médecine, odontologie et pharmacie conférant 3 missions distinctes et complémentaires : la clinique, l'enseignement et la recherche.
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