Le
CNESER est une instance de dialogue social. Parfois théâtralisée, mais toujours
sincère, c’est l’endroit où la communauté universitaire dans sa diversité peut
confronter son adhésion aux projets de réforme du Ministère, du gouvernement.
C’est donc là qu’elle fixe certaines limites, certaines lignes rouges
infranchissables. Elles sont peu nombreuses. Parmi elles, l’augmentation des
frais d’inscription dans l’enseignement supérieur.
Ce
n’est pas la première fois que le CNESER se penche sur cette question. Dès
l’année dernière, une motion demandait un moratoire sur l’augmentation de tous
les frais d’inscription dans l’enseignement supérieur public, et alors que vous
publiiez un arrêté augmentant drastiquement les frais d’inscription de l’école
des Mines de Nancy, composante interne de l’Université de Lorraine.
Aujourd’hui,
ce sont les frais d’inscription des étudiants internationaux dont il s’agit. Pour
la première fois dans l’université publique contemporaine, on va considérer que
l’obtention d’un diplôme national doit être payée directement par l’individu.
La
FAGE l’a déjà dit : l’accueil et l’attractivité de notre enseignement
supérieur sont des sujets importants, la mise en place d’une stratégie était
vraiment nécessaire. Les contraintes des visas, les contraintes financières et
sociales sont des causes importantes au mauvais accueil des étudiants
internationaux en France. Nous saluons les mesures d’allégement des contraintes
administratives, la volonté de créer des guichets uniques, de mieux accueillir
les étudiants internationaux…
Alors
que tout cela va dans le sens d’une simplification des démarches et d’un
meilleur accueil, l’augmentation des frais d’inscription va à contresens.
Difficile à visualiser pour les étudiants qui ne sauront que très tard ce
qu’ils devront payer, une volonté d’augmenter le nombre de bourses à plus de
20 000, alors qu’on vise 500 000 étudiants internationaux, des
critères flous, pas nationalisés, souvent à la discrétion des universités, Vous
parliez des différences d’accueil selon les territoires dans votre
introduction, cette mesure ne va faire que les renforcer.
Et
puis une autre limite est franchie : celle des frais modulaires. Suite aux
demandes des acteurs, les possibilités d’exonération des frais d’inscription
sont élargies, mais les universités auront la possibilité d’exonérer
partiellement ou totalement avec des étudiants qui paieront 1 000,
2 000 ou 3 000 euros, ou peut-être encore 0. Sur quelle base ?
Celles de dossiers administratifs que les étudiants devront faire traduire à
leurs frais ? Sans prendre en compte des situations complexes qui ne sont
pas comptabilisables. La FAGE s’est toujours opposée à l’augmentation des frais
d’inscription, mais également à leur modulation. Parce que le service public est
le même pour tous : c’est à l’Etat de financer l’enseignement supérieur
par l’impôt.
La
FAGE salue la volonté de fixer un cadre aux frais d’inscription, mais il est
trop insuffisant. Un simple arrêté qui cadre l’évolution des frais
d’inscription reste un texte trop souple pour garantir stabilité et assurance
de frais d’inscription stables. Il n’a
fallu qu’un arrêté pour accepter l’augmentation de l’école des mines de Nancy
l’année dernière, et aujourd’hui plusieurs écoles d’ingénieurs demandent le
passage à 2 500 euros comme cette école, les accepterez-vous ? En
effet, la question des frais d’inscriptions ne concerne pas que celle des diplômes
nationaux de licence, de master, mais bien l’ensemble de l’enseignement
supérieur. Et ce que nous observons depuis plusieurs mois maintenant, cela ne
correspond pas à votre « promesse » de ne pas toucher aux frais
d’inscriptions des étudiants français et européens.
Enfin,
l’arrêté pose le principe d’une augmentation automatique des frais
d’inscription, et ce alors que la même règle n’est pas actée pour les bourses
universitaires : prenez-vous
l’engagement que les frais d’inscription n’augmenteront pas si les bourses
n’augmentent pas d’autant ? L’enjeu est celui de l’accessibilité
financière à l’enseignement supérieur, et nous savons tous qu’il est essentiel.
Depuis
presque un an maintenant, la FAGE demande un moratoire sur les frais
d’inscription dans le supérieur. Un moratoire non pas pour rester sur un statu
quo, mais pour réfléchir en profondeur le financement de notre enseignement supérieur,
pour en cibler les priorités, pour en cibler les valeurs et les possibilités de
mise en œuvre. Alors que le financement de la formation professionnelle change
en profondeur, alors que l’enseignement supérieur peine à voir le budget moyen
par étudiant augmenter, il est urgent de se poser ces questions lors d’un vrai
débat qui questionne les structures, et non pas d’ajouter une mesure sans
réfléchir l’ensemble. Enfin, et pour
conclure, pouvez-vous nous garantir ici que l’augmentation des ressources propres
des universités ne sera pas le moyen de faire stagner ou de diminuer d’autant
les subventions publiques ?
Nous suivre sur