Le Plan Bienvenue en France annoncé par le Premier Ministre
en Novembre dernier a pour objectif d’attirer 500 000 étudiants
internationaux par an en France en 2027, contre seulement la moitié
aujourd’hui. Ce Plan contenait des mesures très positives pour la FAGE :
simplification des démarches administratives et notamment des visas, lutte
contre l’isolement social, création d’un véritable programme d’accueil des
étudiants internationaux etc…
Cependant, le principal moyen de financement de cette
réforme pour les universités réside pour le Gouvernement dans l’augmentation
des frais d’inscription pour les étudiants internationaux hors Union Européenne,
autrement dit l’application de frais différenciés : 2 770 euros en
licence, 3 770 euros en master et en doctorat, avec l’augmentation à plus
de 20 000 bourses pour ces étudiants, bien loin de couvrir les besoins des
500 000 étudiants visés.
Face au refus unanime de la communauté universitaire de
cette mesure face à la discrimination sociale qu’elle entraînerait, le
Gouvernement a annoncé la création d’une mission de concertation sur la
stratégie Bienvenue en France. Cette mission de concertation a rendu son
rapport le 18 février 2019. La FAGE se félicite de la plupart des propositions
de la mission : guichet unique d’accueil des étudiants internationaux sur
l’ensemble du territoire, accès au logement décent, mise en place de programmes
de parrainage et de tutorat etc…
Malgré une lettre de cadrage qui excluait la question des
frais d’inscription, le rapport prend acte des dangers de la mesure pour les
étudiants, mais également pour les établissements. En effet, la FAGE et d’autres
acteurs auditionnés ont rappelé leur attachement à un système d’enseignement
supérieur et de recherche financé par l’impôt et la solidarité nationale. Pour
la FAGE, cela prend forme dans le Pacte pour l’éducation : l’instauration
d’une taxe paritaire pour les personnes et les entreprises, progressive en
fonction des revenus qui sont le reflet du niveau de formation. Les
propositions du Gouvernement vont à l’encontre de cet idéal, faisant également
craindre l’augmentation pour tous les étudiants dans un avenir proche, pour une
amélioration de la qualité de l’enseignement clairement insuffisante pour faire
face aux enjeux de démocratisation de notre système d’enseignement supérieur.
La mission de concertation propose des modifications
immédiates concernant les frais d’inscription : la sortie des doctorants
du dispositif et l’augmentation des possibilités d’exonération des étudiants
par les établissements. La FAGE salue ces mesures mais déplore leur
insuffisance. En effet, la problématique des doctorants est bien plus large et
réside dans la nécessité d’un encadrement et d’un financement suffisant pour
pouvoir mener à bien ses recherches sans la précarité qu’ils peuvent subir
aujourd’hui.
Concernant l’exonération, elle risque d’amplifier des
logiques de concurrence des établissements d’enseignement supérieur que la FAGE
ne saurait accepter. La proposition de la mission est d’augmenter les
possibilités d’exonération de l’article R719-50 du Code de l’éducation :
10% des étudiants peuvent être exonérés sur la base de leur situation
personnelle selon des critères généraux votés en conseil d’administration de
l’établissement. La proposition de la mission est de fixer à 15% ce taux pour
que d’ici 2022, les établissements aient toute autonomie pour décider de l’exonération
totale des étudiants internationaux qu’ils accueillent. Pour la FAGE, cela
risque d’amplifier les inégalités dans l’enseignement supérieur entre les
établissements qui se permettront d’augmenter leurs frais d’inscription car ils
sont déjà très attractifs pour les étudiants internationaux qui peuvent se
permettre de payer ces frais, et ceux qui ne pourront pas se permettre cette
augmentation pour conserver leur attractivité et devront rester à moyens
constants, souvent trop faibles pour attirer les étudiants internationaux.
Enfin, la mission de concertation dresse également des
perspectives de moyen terme et d’autres dispositifs pour améliorer l’autonomie
des établissements tout en donnant un ressort national à une stratégie
éventuelle d’exonération. Trois pistes sont évoquées : la mise en place
d’un ticket d’entrée payé en une seule fois par l’étudiant entrant pour la
totalité de son cursus, l’exonération des étudiants venant des pays les plus
pauvres par des accords bilatéraux ou la mise en place de frais modulaires que
les établissements pourraient choisir dans une fourchette de 0 à 2 770 ou
3 770 euros.
La FAGE s’oppose à ces trois pratiques qui conduisent
systématiquement à oublier la situation individuelle de l’étudiant, y compris
par les frais modulaires qui ne peuvent pas couvrir l’immensité des situations
personnelle, familiale, financière d’un étudiant. Pour la FAGE, l’enjeu du
financement de l’enseignement supérieur est essentiel, mais il ne saurait
passer par des mesures simplistes ou des demi-mesures. C’est un refondement de
la solidarité nationale pour financer la formation dont la société a besoin
pour s’ouvrir et se former à la hauteur de ses besoins.
Depuis presque un an maintenant, la FAGE demande un
moratoire sur l’augmentation des frais d’inscription dans l’enseignement
supérieur pour organiser un grand débat sur ce sujet et refonder, autour du Pacte pour
l’éducation, le financement pérenne de notre ESR.
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