Cette
réforme était fortement attendue, alors que le projet de loi Ecole de la
confiance, qui arrive au Sénat après avoir été adopté par l’Assemblée
nationale, prépare la modification la formation des masters MEEF et leur
encadrement.
Cette
réforme vise à prendre acte des critiques de la réforme de 2013 tout en
continuant la réelle prise en compte des compétences pédagogiques dans la
formation des enseignants. C’est en ce sens que sont modifiés les référentiels
de compétences pour les masters MEEF premier et second degrés : faire des
enseignants non des spécialistes d’une ou plusieurs disciplines, mais des
facilitateurs d’apprentissage qui font le lien avec l’actualité, les sujets de
société, s’adaptent à l’élève et transmettent des valeurs républicaines. En
cela, les référentiels reprennent en partie les préconisations du comité de
suivi de la réforme de la formation des enseignants présidé par le Recteur
Filâtre auquel la FAGE avait participé.
Pourtant,
le Gouvernement a également annoncé son souhait de voir nationalisée la
politique éducative dans les Ecoles supérieures du professorat et de
l’éducation (ESPE) qui seront transformées en Instituts nationaux supérieurs du
professorat et de l’éducation (INSPE) avec des directeurs nommés par les
Ministres. Si le souhait de voir s’uniformiser certaines modalités
d’enseignement de la formation des enseignants peut être salué, la FAGE a
souligné depuis plusieurs mois les dangers d’uniformisation qui pourraient
brider l’innovation des équipes éducatives des masters MEEF. En effet, ces
masters se doivent d’être à l’avant-garde des transformations pédagogiques dans
l’enseignement supérieur. Par exemple, l’ESPE de Rennes doit pouvoir continuer
à être soutenu dans la mise en place d’enseignements en approche par compétences
et approche-programme.
La
réforme a également pour objectif de mieux préparer les étudiants à l’entrée
dans le métier. Et pour cause : les rapports successifs n’ont cessé de
pointer le ressenti de manque de préparation des fonctionnaires-stagiaires en
M2 et dans les premières années de titularisation. Le Gouvernement entend mieux
préparer les futurs enseignants de deux façons : en impulsant de nouveaux
dispositifs de préprofessionnalisation avec les modifications de statuts des
Assistants d’Education (AED) et en prévoyant une formation continue améliorée
lors des trois premières années suivant l’obtention du master.
La
fin du dispositif Emploi d’Avenir Professeur (EAP) faisait craindre à la FAGE
la disparition des incitations et de préparation à l’entrée dans un master MEEF
pour devenir enseignant. Le Gouvernement a annoncé son remplacement par des
étudiants sous contrat d’AED à mi-temps avec un référentiel de compétences
refondu. Initialement, ce référentiel permettait, dans certains cas, à l’étudiant
de travailler seul devant les élèves, sans préparation et sans encadrement.
Aussi dangereux pour le système éducatif que pour l’étudiant en formation, ce
dispositif manquait en cohérence et la FAGE a demandé qu’une nouvelle version
du référentiel puisse être présentée, en augmentant progressivement les
responsabilités de l’AED, mais sans perdre de vue l’objectif pédagogique du
dispositif.
Par
ailleurs, la FAGE tient à rappeler que le développement du système des AED ne
saurait suffire ni aux étudiants, ni à l’éducation nationale. Alors que le
recours aux missions contractuelles d’enseignement est encore trop fréquent et
a récemment été à nouveau dénoncé par la Cour des Comptes, il est important
d’ouvrir le nombre de postes de titulaires à pourvoir, tant au CRPE (professorat
des écoles) qu’aux CAPES et CAPEPS.Enfin, la préprofessionnalisation doit se faire en lien avec des
enseignements dispensés dès la licence universitaire : grâce à des modules
qui pourraient mettre en lien théorie et pratique pour un AED, ou préparer aux
programmes des masters MEEF.
La
question tant attendue de la place du concours semble avoir été tranchée par
les Ministres : le concours de titularisation se fera à la fin du M2, ne
reprenant que partiellement le rapport Ronzeau-Saint Girons qui proposait
également une alternative de l’admissibilité en L3 et l’admission en M2. Pour
la FAGE, le passage du concours d’admission en M2 peut être dangereux et si la
décision ministérielle est déjà annoncée, il faudra encadrer strictement cette
réforme. Si la place de ce concours permet maintenant d’évaluer les compétences
pédagogiques et professionnelles du futur enseignant et d’arrêter avec un
concours purement basé sur des connaissances qui ne correspondent plus ce qui
est demandé d’un professeur des écoles ou d’un professeur du secondaire, les
étudiants seront obligés d’attendre le M2 pour savoir s’ils pourront entrer
dans l’Education Nationale et ce, alors que le master MEEF ne forme aujourd’hui
pas à autre chose. La FAGE sera attachée à défendre une ouverture de
l’insertion professionnelle des diplômés de MEEF vers d’autres débouchés que
l’Education nationale.
La
FAGE dénonçait comme tous les acteurs l’incongruité d’un concours placé en
première année de master qui empêchait les étudiants de suivre un cursus
cohérent et rendait compliquée l’obtention du master pour les
« reçus-collés », ces étudiants reçus en M2 mais collés à l’examen.
En revanche, la réforme proposée ne va pas dans le sens d’une amélioration,
faisant perdre aux étudiants une année pour passer le concours pendant leurs
études et déplaçant finalement le problème des « reçus-collés » d’une
année.
C’est
enfin la précarité des étudiants en MEEF qui pourrait être touchée. Alors
qu’aujourd’hui, les étudiants sont fonctionnaires stagiaires en M2 lorsqu’ils
ont réussi le concours, ils ne seront qu’AED demain, avec une perte de salaire
et de statut conséquente. La FAGE demande donc à ce que les étudiants puissent
être rémunérés en M2 à la hauteur de ce qu’ils le sont aujourd’hui comme
fonctionnaires stagiaires.
La
précarité se joue aussi au niveau des poursuites d’études éventuelles. On peut
déjà observer aujourd’hui que les reçus collés sont en difficulté pour rédiger
leur mémoire de recherche. Alors que le concours sera placé pour tous les
étudiants en M2, la FAGE peine à concevoir un accès à la recherche améliorée, à
l’heure pourtant où les discours cherchent à valoriser la poursuite d’études en
doctorat pour les étudiants en Master MEEF pour améliorer la recherche en
éducation qui en a besoin.
Seule
organisation étudiante portant des positions développées sur les étudiants en
Master MEEF, la FAGE demande à être incluse dans les négociations au même titre
que les syndicats professionnels de l’éducation nationale. Plus qu’une formation,
c’est le fondement de notre système éducatif qui est en réforme actuellement.
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