Dans le
cadre de l’application de la loi ORE, des groupes de travail ont commencé pour
repenser le cycle de la licence universitaire. Alors que la réforme peut être
un succès si les universités jouent le jeu de l’accompagnement et de
l’acceptation de tous les bacheliers dans la filière de leur choix, il est
essentiel que les contraintes juridiques qui empêchent un accompagnement
pédagogique renouvelé des étudiants soient réfléchies. Les enjeux sont grands
pour améliorer la réussite des étudiants et permettre non seulement, mais
également que chaque étudiant de licence puisse réussir et garantir son
insertion professionnelle ou sa poursuite d’études. Les risques sont également
importants face aux velléités de certaines organisations de voir l’esprit de la
réforme bafoué, soit par un retrait complet de la loi, soit par la mise en
place de parcours adéquationnistes où les études auraient pour unique but
l’insertion professionnelle dans un emploi donné.
La FAGE, ici comme ailleurs,
porte l’émancipation de la jeunesse. Dans les groupes de travail, nous portons
une professionnalisation de la licence (groupe 4) qui soit ouverte à toutes et
à tous, sans dualité des parcours imposés entre une licence à seule visée
d’insertion professionnelle, et une licence qui permette aisément la poursuite
d’études en master. La FAGE défend le droit à la poursuite d’études en master
et a porté cette position depuis de nombreuses années jusqu’à sa concrétisation
en 2016. Alors que l’émergence d’un DUT en trois ans entre en cohérence avec le
Processus de Bologne et le taux élevé d’étudiants qui poursuivent leurs études
après leur DUT, il ne faut pour autant pas décevoir les étudiants qui
souhaitent des études très professionnalisantes.
La FAGE porte également la
démocratisation de l’ESR dans la mise en place de pédagogies adaptées à la
réussite des étudiants. L’absence de réelle plus-value pédagogique des cours
magistraux, mais également d’une réelle valorisation des activités pédagogiques
des enseignants chercheurs et l’obligation pour chaque étudiant de suivre un
cursus de 1 500 heures en présentiel sont des obstacles à un apprentissage qui
ne soit pas plus dense, mais qui soit meilleur. Avec un socle de présentiel
important et la possibilité de mettre en place des pédagogies inversées, on
pourra également mettre en place une évaluation continue intégrale (ECI) qui a
fait ses preuves dans les Universités de Strasbourg et Avignon. Dans cette
configuration, l’organisation d’une seconde session d’examen remplaçant la
première devient caduque et même pénalisante pour les étudiants car elle réduit
le temps d’apprentissage dans le calendrier universitaire. Mais, parce que la
FAGE revendique un réel droit aux rattrapages, il est nécessaire de permettre
que cette ECI soit cadrée pour ne pas se réduire à un contrôle terminal
déguisé. Les textes doivent donc fixer un nombre minimal d’évaluations pour que
l’UE soit considérée comme un CCI et seulement sous cette condition serait-il
possible de déroger à l’obligation d’une seconde session. De même, l’évaluation
continue intégrale n’est possible que si l’étudiant peut assister aux cours en
présentiel, il faudra donc permettre des sessions de substitution pour les
étudiants qui bénéficient de RSE, autre enjeu important de ces concertations.
La FAGE porte enfin l’adaptation
de la formation à l’étudiant. Ces concertations sont l’opportunité de cadrer
les régimes spéciaux d’études (RSE) de façon concrète dans l’arrêté licence.
Chaque étudiant doit pouvoir adapter sa formation, ses modalités d’évaluation
pédagogique à ses contraintes qu’elles soient dues à un salariat, à une charge
de famille, à un engagement. Les Universités doivent pouvoir s’appuyer sur le
cadre national pour porter des régimes spéciaux cohérents et ambitieux. Enfin,
adapter la formation à l’étudiant, c’est aussi permettre à chaque étudiant de
pouvoir suivre une formation qui lui permette de valoriser de réelles
compétences, voire même de choisir sa formation en raison des compétences
qu’elle lui permettra d’acquérir. La notion d’une licence en trois ans n’aurait
alors plus de sens, car c’est à l’étudiant de choisir la durée de ses études et
ce sont les compétences validées qui doivent guider son choix.
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