Cette réforme est essentielle, car elle doit
permettre de limer les fortes inégalités du lycée d'aujourd'hui. Elle doit
mettre en capacité chaque lycéen de colorer son parcours en fonction de ses
aspirations et de lui permettre de se projeter pour anticiper sa poursuite
d'études. Les défauts de notre système d'orientation sont un des facteurs à
l'origine de l'échec et de l'abandon massif en licence.
Nous en savons dorénavant plus sur la proposition
de réforme : Le baccalauréat 2021 reposera pour une part sur un contrôle
continu et pour une autre part sur des épreuves terminales. L'épreuve anticipée
écrite et orale de français se déroulera comme aujourd'hui en fin de première.
En terminale, deux épreuves écrites portant sur les disciplines de spécialité
auront lieu au printemps et deux épreuves se dérouleront en juin : l'écrit de
philosophie et l'oral préparé au long des années de première et terminale. Le
contrôle continu sera composé d'épreuves communes organisées pendant le cycle
terminal.
L'organisation du lycée, comme les programmes
d'enseignements, va évoluer. Il offrira trois types d'enseignements :
Un socle de culture commune.
Des disciplines de spécialité choisies par l'élève et s'accentuant entre la
première et la terminale (trois disciplines en classe de première puis deux en
terminale parmi les trois suivies en première).
Un temps d'aide à l'orientation tout au long du lycée pour préparer les
choix de parcours et, à terme, l'entrée dans l'enseignement supérieur. Les
élèves seront accompagnés selon les horaires prévus dans le cadre des marges
d'autonomie des établissements (groupes à effectifs réduits, pédagogie
différenciée, MOOC, etc.).
La FAGE insiste sur la nécessité de permettre à
tous les lycées de mettre en place chacune des spécialités et chacune des
options et garantir ainsi l'équité territoriale. Le calendrier scolaire doit
pouvoir offrir à chaque lycéen la possibilité d'articuler les spécialités comme
il le souhaite, et ne pas se voir imposer un couple de spécialité à cause d'une
mauvaise articulation entre les modules.
Des questions se posent quant à la composition du
tronc commun et l'absence de matières scientifiques dures et l'effet pénalisant
que cela pourrait avoir sur la culture commune et le socle commun de
compétences essentiel à chacun.
Il n'y aura plus de série en voie générale mais des parcours
choisis par chaque lycéen en fonction de ses envies et projets. La voie
technologique, elle, conserve son organisation actuelle en séries. Des
ajustements seront apportés pour proposer un socle de culture commune articulé
avec les enseignements de spécialité et l'aide à l'orientation.
La FAGE n'a cessé de rappeler l'importance de
voir l'institution qu'est le baccalauréat réformé. Cependant, elle allait plus
loin en affirmant la nécessité de ne pas s'arrêter au diplôme mais de bien
s'attaquer, réellement, à l'ensemble du cycle lycée. Nous constatons depuis
de nombreuses années maintenant l'effet inégalitaire qu'introduit notre système
éducatif. Le baccalauréat, tel que mis en place aujourd’hui, est le principal
facteur de l’archaïsme régnant sur l’organisation pédagogique du lycée.
Ainsi, la réforme proposée ici est beaucoup trop
timide et loin des ambitions portées par la FAGE. En effet, la FAGE milite
depuis toujours pour un lycée plus modulaire, permettant à chaque jeune de
construire son parcours de manière cohérente tout en laissant place à la
possibilité d'évoluer tout au long de sa scolarité, en renforçant le lien
-3/+3, trop oublié dans les annonces. De plus, le flou persiste autour de la
possibilité pour un lycéen de changer de spécialité entre la première et la
terminale, et n'est pas rendu possible en court d'année par l'abandon de la
semestrialisation.
La FAGE milite également contre la logique du
contrôle terminal, générant un phénomène de "bachotage" pour aller
vers une évaluation tout au long du cursus, progressive et continue. Ici, les
60% de contrôle terminal reste largement trop important, et les 30%
d'évaluation en cours de formation s'apparente en réalité à des partiels trois
fois dans l'année.
Ensuite, les annonces du Ministre concernent
principalement le baccalauréat général et impactent de manière infime la
filière technologique. Le baccalauréat professionnel quant à lui fait l'objet
d'un autre rapport. La FAGE ne peut que regretter ce choix. En effet, il
était primordial d'opérer une réforme globale du lycée dans l'objectif de lutter contre la reproduction sociale
et de favoriser les parcours évolutifs et les passerelles. La seconde commune,
regroupant les actuelles filières professionnelles, générales et technologiques,
proposée par la FAGE était un moyen d’assurer avec l'accompagnement nécessaire,
un choix plus éclairé pour chaque lycéen.
La FAGE rappelle l'impérieuse nécessité de mettre
en cohérence la réforme du baccalauréat et du Plan Etudiants, pour concrétiser
un véritable continuum -3/+3, une articulation cohérente entre lycée et licence
qui garantisse à chaque néo-bachelier une place et toutes les chances pour
réussir des études supérieures.
Enfin, la FAGE salue l'introduction du temps
d'aide à l'orientation dans le parcours de chaque lycéen, tout en restant
vigilante sur les modalités de mise en application. En effet, chaque lycée doit
pouvoir mettre en place ces créneaux en respectant les horaires prévus et sans
concurrence avec les autres enseignements.
Œuvrer pour l’égalité des chances de réussite,
c’est donner à chacun les outils pour réussir dans des études de qualité, et de
s’orienter dans une filière qui répond à l’enjeu d’émancipation de l’individu
en rompant avec les déterminismes sociaux et économiques. Nous appelons donc le
Ministre Blanquer à poursuivre ses réformes sur l'intégralité de l'enseignement
secondaire et à ne pas succomber aux sirènes du conservatisme qui ne peut
conduire qu'à conserver le système profondément injuste, en particulier pour
les plus démunis.
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