Doctorat : l'attente d'une réforme ambitieuse

02/03/16

A l'heure où le Ministère de l'Education Nationale, de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ouvre des discussions sur la refonte d'un arrêté visant à organiser les études doctorales, la FAGE porte de nombreuses attentes pour les jeunes docteurs. Retour sur quelques attentes de la FAGE.

Force est de constater que la méconnaissance réciproque entre le monde académique et le monde socio-économique est toujours une réalité. Permettre à la recherche d’assumer la responsabilité sociale et sociétale qui est la sienne, c’est avant tout avoir pour ambition de rapprocher ces deux mondes. A cet égard, si le gouvernement dispose de leviers intéressants par l'ouverture de cet arrêté, il a également un devoir d'exemplarité.

La poursuite de carrière des docteurs, titulaires du plus haut diplôme de notre système d’enseignement supérieur doit être une préoccupation. Si des indicateurs annoncent une avancée timide quant à l’emploi des docteurs, il est primordial de lancer les mesures qui s’imposent pour ancrer cette dynamique dans la durée. A cette fin, il apparaît nécessaire de développer des voies d’entrée dans les fonctions publiques dédiées aux Docteurs. Par ce moyen, le gouvernement signifierait l’attachement dont il devrait faire montre à l’égard de ces derniers.

Cette exemplarité ne doit cependant pas être le seul levier à employer. La poursuite de carrière des jeunes docteurs doit être promue dans le monde socio-économique. Ce n’est qu’en opérant un rapprochement entre le monde académique et le monde socio-économique que l’on permettra une meilleure compréhension réciproque et l’émergence d’une synergie propice à l’employabilité des docteurs et, par ce moyen, la relance de l’innovation et le rayonnement de notre recherche.

Si la FAGE est particulièrement attachée à l'indépendance de la Recherche, la création d’espaces d’échanges institutionnalisés pour les études doctorales apparait comme une opportunité pour chacun des acteurs.

Les entreprises signifieraient par ce moyen leurs attentes immédiates en matière de développement d’axes de recherche et d’une manière plus générale des compétences attendues d’un jeune chercheur. Dans cette dynamique, la reconnaissance du doctorat à sa juste place dans les conventions collectives s’en verrait facilitée.

Cela permettra également aux doctorants de sortir de l’image d’hyper-spécialistes. On rappellera qu’avant d’être hyperspécialistes, il s’agit de jeunes chercheurs dont les compétences sont larges et sont employées dans le but de répondre à un problème. En ce sens, une analogie peut être faite avec les ingénieurs, bien que la méthodologie entre les deux corps diffère. Pour autant nul ne peut dire que ces derniers souffrent d’un déficit d’image, et pour cause, ils disposent d’ouvertures sur le monde socio-économique suffisamment larges et appuyées par un apprentissage par compétences.

Cela pose la question de la formation du doctorant. Un doctorant pourra être amené à poursuivre sa carrière de jeune chercheur en ayant une activité d’enseignement après avoir passé la procédure de qualification. Il est donc primordial de leur voir permettre une formation à l’enseignement et aux pédagogies, il en va de la formation des futurs étudiants. Mais d’une manière plus générale, quel que soit son futur exercice professionnel, il lui importera d’avoir accès à des formations lui permettant de développer différentes compétences en suivant un parcours de formation s’inscrivant dans un projet professionnel. Ce droit à la formation doit être garanti pour chacun des doctorants.

Mais l’activité de recherche du doctorant doit pouvoir se faire dans un cadre sécurisant et bienveillant. La protection du doctorant, comme de tout professionnel, apparaît comme un impératif. Les abus en tout genre sont trop nombreux, il est donc nécessaire de voir l’émergence d’un cadre protecteur pour le doctorant. A cette fin, des procédures de médiation doivent être envisagées. De même, le doctorant doit pouvoir obtenir la garantie d’être suivi dans ses travaux de recherche. A cette fin, il est nécessaire de créer un comité de suivi de thèse, où le directeur de thèse serait entendu, et qui ferait le point au moins une fois par an avec chaque doctorant (ou à la demande du doctorant ou de son directeur de thèse) et dresserait les perspectives sur le projet professionnel du doctorant ainsi que sur sa thèse.

Il convient également de profiter d’une réforme d’ampleur pour consacrer la mise en place d’un guichet unique d’accueil, du futur doctorant jusqu’au jeune docteur. Ce guichet unique permettrait à la fois un accompagnement des étudiants dans leur orientation, mais aussi un recueil de différentes offres de financement sur le territoire grâce aux échanges développés avec le tissu socio-économque, et en relation avec les BAIP. Ce Guichet unique rattaché à un collège des écoles doctorales apparait comme permettant également de coordonner les actions de promotion des activités de recherche auprès des étudiants de premier et second cycle, en prenant part à des réflexions des équipes pédagogiques. Enfin, ce guichet unique permettrait également d’orienter les personnes qui souhaiteraient valider des acquis de l’expérience en recherche.

Se pose enfin la question récurrente du financement des études doctorales. Le développement des relations avec le tissu socio-économique permet d’espérer d’autant la multiplication de financements en contrats CIFRE. Cependant, au regard de l’impact de l’activité de recherche sur la société, la pérennité du financement par l’état apparait comme une nécessité et la FAGE soutiendra son développement.

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