Lors de l’examen en Première
Lecture du Projet de Loi de Finances 2016 à l’Assemblée Nationale, François
Pupponi, député de la majorité gouvernementale, a déposé un amendement visant à
faire évoluer les critères d’attribution des Aides Personnalisées au Logement
(APL).
En introduisant une mesure visant
à réduire l’accès aux Aides Personnalisées au Logement des étudiants
non-boursiers, la majorité
gouvernementale accable de nouveau l’accès au logement des jeunes issus de
classe moyenne. Les aides au logement touchent aujourd'hui près de 500 000
étudiants non boursiers décohabitants. Les ressources qu'offrent les APL sont
donc essentielles pour ces étudiants puisqu'elles constituent la seule aide
financière étatique.
Alors que le logement
représente environ la moitié du budget mensuel d'un étudiant1, sur un marché du logement
étudiant de plus en plus en tension, il
est impensable aujourd’hui de continuer de précariser la jeunesse sous couvert
de “mesures d’économies”.
En mai dernier, la FAGE avait
interpellé le gouvernement au sujet des APL et Michel Sapin, Ministre des
Finances et des Comptes Publics, annonçait le 13 mai dernier une sanctuarisation
du budget et des critères de répartition des APL “Non, nous n’avons pas l’intention de modifier les APL pour les
étudiants” (13-05-2015 RMC).
Alors que le candidat Hollande
martelait sa volonté de faire de la jeunesse sa priorité, cette modification du
PLF constitue un nouveau déni de responsabilité de la majorité gouvernementale
dans ses orientations en matière de politique jeunesse. Cela constitue, en effet, un frein supplémentaire à la mobilité
étudiante et précarise davantage la situation des jeunes en recherche d’emploi.
En outre, les étudiants en alternance qui se voient déjà dans l’obligation
d’effectuer une recherche de logement entre un lieu de travail et d’études
seront parmi les premiers concernés par cette évolution puisqu’ils ne sont plus
boursiers et doivent concilier ces différents impératifs.
Cette critérisation des Aides
Personnalisées au Logement va à
l’encontre même de la mise en responsabilité des jeunes et de l'acquisition de
l’indépendance progressive. Avec de telles mesures, poussant à cohabitation
familiale dans une société où la mobilité est un avantage conséquent, les étudiants des classes moyennes seraient
contraints, faute de pouvoir accéder à un logement autonome, à renoncer à des
poursuites d’études.
Une critérisation des APL, et
donc une évidente diminution des ressources de l’étudiant entraînera, également
une obligation pour lui de se salarier.
Aujourd'hui, ce sont déjà 49 % des étudiants qui se salarient au cours de
l'année universitaire : 51 % d'entre eux affirment le faire afin de subvenir
aux besoins quotidiens. Il est donc
évident que la critérisation des APL pour les étudiants non boursiers aurait
pour conséquence une explosion du salariat étudiant contraint et donc délétère
pour une poursuite sereine des études.
1 Indicateur du Coût de la Rentrée 2015 de la FAGE, chiffre moyen pour un
étudiant non-boursier et décohabitant
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