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Le blog du Président de la FAGE
Régulièrement, la présidente ou le président de la FAGE publie une tribune sur des sujets liés à l'enseignement supérieur et la recherche, à la jeunesse ou à la société.
Vous pouvez également y retrouver des articles de ses prédécesseurs Paul Mayaux, président de 2020 à 2022, Orlane François, présidente de 2018 à 2020, Jimmy Losfeld, président de 2016 à 2018 ainsi qu'Alexandre Leroy, président de 2014 à 2016.
08/01/2020
Nouvelle année, nouvelle décennie: l’heure est à l’ambition!
L’année 2020, le début de cette nouvelle décennie s’ouvre dans un contexte politique et social empreint d’une profonde méfiance. Pour cause, notre modèle génère toujours plus d’inégalités et d’injustices, tout en mettant en péril la vie sur terre. Notre pays traverse une crise sociale profonde, déclarée il y a un peu plus d’an maintenant et qui se prolonge fortement aujourd’hui. Cela fait des années, trop d’années, que les réponses apportées ne sont que des pansements sur des jambes de bois, que nous nous contentons de «rafistoler» un système à bout de souffle. Il est l’heure de partir d’une page blanche. Cet avenir, la FAGE a de quoi le construire. Un projet de société, juste et solidaire, donnant à chacun le pouvoir de vivre. La justice sociale, la solidarité, la lutte contre la pauvreté, la transition écologique doivent être les mots d’ordre de cette nouvelle année si nous voulons apercevoir une sortie de crise.
La réalité est la suivante : la France reste l’un des pays avec le système éducatif reflétant le plus les inégalités sociales. A ces inégalités, certain répondent par cette théorie du mérite, du «quand on veut, on peut». Trop simple de se cacher derrière les soi-disant échecs individuels quand le plus grand est bien celui du collectif. Celui d’un collectif qui n’a jamais réussi à donner à chacun la même chance de réussir. Alors il est temps d’y mettre les ambitions et les moyens nécessaires. II est temps de venir construire un système luttant contre l’autocensure, contre cette reproduction sociale bien trop présente. Pour cela, un plan d’investissement pluriannuel ambitieux doit voir le jour pour l’éducation et l’enseignement supérieur. Il permettrait de construire un système d’orientation tout au long de la vie performant et de notamment sortir les universités des difficultés financières qu’elles rencontrent afin de garantir l’accès à la formation de son choix à chaque jeune mais aussi de garantir des conditions de formation de qualité. Ne plus laisser des jeunes échouer et décrocher, sortir du système. Cela doit être une première priorité.
Au-delà de ces situations d’échec, de difficultés vécues par de nombreux jeunes, la vie étudiante est marquée par plusieurs changements parfois radicaux dans le quotidien des jeunes : une plus grande émancipation, une construction sociale passant par de nouvelles rencontres et de nouveaux types de relations ainsi que la concrétisation d’un projet de vie. A tout cela peuvent s’ajouter des difficultés spécifiques à la population étudiante : la distance avec l’entourage, les problèmes financiers, la pression ou encore la précarité du logement. Ces éléments sont alors parfois responsables d’un mal-être qui s’installe.
De fait, les chiffres de la dernière enquête de l’Observatoire de la Vie Etudiante sont parlants et se distinguent supérieurement de ceux de la population générale : 20% des étudiants ont présenté des signes de détresse psychologique dans le mois précédant l’enquête, et 37% ont montré un signe d’épisode dépressif. Parmi les répondants, pas moins de 8% d’entre eux ont déjà eu des pensées suicidaires. C’est le double par rapport au reste de la population. Les actualités récentes à Lyon, Clermont, Bordeaux, n’ont pu que confirmer ces chiffres, malheureusement. Il devient urgent que les pouvoirs publics, les institutions se saisissent bien plus de ce sujet majeur. La FAGE a relancé il y a quelques semaines maintenant le projet «Bouge Ton Blues» visant a associer l’action par les pairs et accompagnement de professionnels sur la question du suicide. Cependant, les services de santé des établissements doivent se saisir rapidement de cette problématique, et un plan national doit voir le jour.
Si cette précarité sociale s’intensifie, c’est qu’elle est souvent dûe à une précarité financière qui ne permet pas à la famille, au jeune, à l’étudiant de pouvoir vivre dignement. Depuis trop longtemps la FAGE et bien d’autres alertent sur l’urgence de la situation, notamment chez les jeunes et les étudiants. Là encore, les chiffres ne font que nous confirmer la réalité d’un trop grand nombre d’entre nous : 20% des jeunes vivent en France, en 2019, sous le seuil de pauvreté. Les très légères augmentations des montants des bourses, le gel des loyers dans les résidences CROUS, la construction de trop peu de nouveaux logements sociaux ne peuvent être des mesures suffisantes. Il est temps d’imaginer de nouvelles solutions, de changer le système en profondeur.
Le logement est une des premières sources de précarité. L’accès à un logement digne n’est absolument pas garanti à celles et ceux qui le souhaiterait. D’autant plus que la politique menée dès le début du quinquennat par le gouvernement ne va pas toujours dans le sens d’une amélioration. 5 euros en moins par mois sur les APL, désindexions de ces dernières … Au-delà de la nécessité de construire davantage et plus vite, de la nécessité de mettre en place l’encadrement des loyers dans l’ensemble des villes en tensions ou encore de garantir l’application de VISALE il faut réinventer l’accès au logement social pour les jeunes. Le parc HLM doit être mieux réfléchi pour accueillir des jeunes et des étudiants. Il est nécessaire de décloisonner, de mettre l’ensemble des parties prenantes autour de la table, de révolutionner le logement social en France.
Pour rappel, 20% des jeunes vivent sous le seuil de pauvreté. Et pourtant aujourd’hui les moins de 25 ans n’ont pas accès au Revenu de Solidarité Active, le RSA. Alors, ces jeunes éloignés de la formation, des stages, de l’emploi, comment peuvent-il s’en sortir? Au-delà des 150000 jeunes accompagnée via la Garantie Jeune, il est l’heure de donner les moyens à chacun de vivre, d’en avoir les ressources financières et d’être accompagné. Ces jeunes doivent avoir accès aux minima sociaux de la même manière que le reste de la population. En plus d’ouvrir ces droits, le montant de ces minima doivent être revus à la hausse, afin de permettre à chacun d’être digne.
Les jeunes en études initiales ne sont pas logés à meilleure enseigne : le modèle d’aides sociales étudiants n’est plus le bon. Ce système de bourses qu’on a tenté de soigner depuis de nombreuses années en y ajoutant des échelons, en augmentant légèrement les montants tous les 3 ou 4 ans, n’est plus adapté. L’ambition doit être au rendez-vous, nous le demandons depuis trop longtemps. Les promesses sans concrétisations ne sont plus tenables, plus acceptables. Il faut réformer en profondeur ce système pour créer une aide adaptée à chacun, au plus proche du jeune et de sa situation personnelle afin de lui donner toutes les clés de l’autonomie. Et pour cela, l’investissement financier doit être à la hauteur des besoins.
Chômage massif, carrières fragmentées, études plus longues ... Les évolutions dans l’emploi et dans la vie des jeunes générations sont nombreuses. Et ces évolutions ne restent pas sans impact, bien au contraire. La FAGE sera toujours du côté de celle et ceux qui veulent le changement, qui veulent réformer pour créer les conditions d’une société plus juste, plus solidaire. La FAGE s’est toujours engagée dans les discussions autour de la réforme des retraites avec un mot d’ordre : permettre aux jeunes de construire leur avenir avec l’assurance d’une retraite universelle, adaptée à chacun, digne pour toutes et tous, juste et solidaire. Cependant nous avons toujours été clair : nous ne voulons pas d’une réforme paramétrique, économique et qui vient faire peser tous les efforts sur nous, jeune génération. Cela était inenvisageable. Et pourtant, c’est un choix économique de court terme qui a été fait, en imposant cette mesure d’âge injuste et injustifiée, à la place de choisir la route de la juste sociale. Nous ne pourrons jamais l’accepter.
Mais, comment garantir un avenir quand la vie sur terre continue d’être mise en danger quotidiennement ? Depuis 1990, les rapports du Groupement d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) réévaluent à la hausse ses projections d’augmentation du climat à l’horizon 2100. Depuis plusieurs mois maintenant, la jeunesse se mobilise partout dans le monde, de manière exceptionnelle pour dire qu’il est temps d’agir concrètement. Pour que les états prennent leur responsabilité.
Au-delà des politiques, c’est tout une société qui doit s’y atteler. Pour la FAGE, les Universités, lieux d’émancipation, de formation, de recherche, doivent être des précurseurs dans ce combat. Et pourtant, dans un rapport publié le 24 mars dernier, le think tank « The Shift Project » annonçait une nouvelle peu reluisante : seules 7% des formations universitaires intègrent de manière obligatoire des enseignements sur les enjeux climat-énergie. Nous, étudiants, voulons donc poser cette question : pourquoi ne commence-t-on pas par agir, au sein de la communauté académique et universitaire, pour que ces enjeux deviennent prioritaires ? Pourquoi n’écoute-t-on pas vos confrères et vos consœurs qui nous pressent de passer à l’action ? Dans la lutte contre le dérèglement climatique, il est de notre rôle d’universitaires de montrer la voie : à la fois car c’est notre communauté qui peut produire le plus de recherche sur le sujet et car c’est en notre sein que la majorité des jeunes générations seront préparées à agir.
Alors, il est temps de faire bouger les choses. C’est pour ces raisons que la FAGE demande que soit déclaré dans toutes les université un état d’urgence climatique. Parce que nous ne pouvons plus attendre.
Nous le voyons, l’ensemble de ces enjeux ne vont pas l’un sans l’autre, sont complémentaires et indissociables. Les combats doivent se décloisonner pour mieux être gagnés. C’est pour cela que le 5 mars 2019, 19 organisations, syndicats, associations, fondations se sont réunies pour construire un nouveau pacte politique, social et écologique.Un pacte du court, du moyen et du long terme. Un pacte pour tous et pour la planète. Un pacte du pouvoir de vivre, aujourd’hui et demain, dans la dignité et le respect, un pacte qui nous engage tous.
Le travail commun est essentiel. Dans un contexte où les corps intermédiaires ont du mal à se faire entendre du gouvernement, cette alliance extraordinaire va continuer à porter, à marteler ces messages afin de faire bouger les lignes.
En 2020, les enjeux sont grands et les combats seront déterminants. Face à cela, l’accès à l’enseignement supérieur et à un diplôme de qualité, créer les dispositions d’une justice sociale et écologique, donner à chacun la possibilité de s’épanouir, de s’émanciper et de trouver une place active dans notre société sont des priorités dont la FAGE continuera à s’emparer dans les mois qui arrivent. La FAGE prendra toujours ses responsabilités en tant que première organisation étudiante, de jeunes et d’éducation populaire, qui a toujours refusé le pessimisme et la morosité; prendra ses responsabilités pour transformer l’indignation de beaucoup en un espoir utile.
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