Le blog du Président de la FAGE

Régulièrement, la présidente ou le président de la FAGE publie une tribune sur des sujets liés à l'enseignement supérieur et la recherche, à la jeunesse ou à la société.

Vous pouvez également y retrouver des articles de ses prédécesseurs Paul Mayaux, président de 2020 à 2022, Orlane François, présidente de 2018 à 2020, Jimmy Losfeld, président de 2016 à 2018 ainsi qu'Alexandre Leroy, président de 2014 à 2016.

04/12/17

Le silence : ce complice des violences sexuelles

Il y a des mots que l’on tourne mille fois dans sa tête, ballottés par les doutes et la pudeur.

J’ai longuement hésité à écrire ce billet et puis, en écoutant et en y réfléchissant, je me suis dit que sur ce sujet, rien n’était pire que le silence. Que chaque acteur de la société, chaque être humain et a fortiori chaque responsable d’organisation - quelle qu’elle soit - portait une part de responsabilité non seulement sur son passé et la situation actuelle mais surtout sur son devenir.

Depuis plusieurs semaines, presque partout dans le monde, la parole des victimes de harcèlement sexuel se libère et révèle encore plus crûment les violences subies par les femmes dans toutes les strates de notre société.

Après l’émotion mêlée de stupéfaction, d’indignation et de colère sourde, me vient l’élan de solidarité et de soutien en direction des victimes, des femmes qui ont parlé avec courage mais aussi envers celles qui ne le peuvent pas et qui souffrent sans un bruit. Il est aussi salutaire d’écouter et d’entendre ce que disent les premières que d’aider les secondes à s’exprimer et à sortir de leur prison de silence.

Ce qui me vient ensuite à l’esprit est qu’il nous faut faire preuve d’humilité et de modestie, car le harcèlement sexuel et les rapports de force de domination qui les provoquent dépassent de loin les clivages politiques, syndicaux et sociaux.

Ces violences sont insidieuses et aucune organisation ne peut aujourd’hui se vanter d’être épargnée, pas même les associations étudiantes. Tout le monde se doit d’agir concrètement.

Ces violences sont insidieuses et aucune organisation ne peut aujourd’hui se vanter d’être épargnée, pas même les associations étudiantes. Tout le monde se doit d’agir concrètement. En ce qui concerne la FAGE, des mesures ont été prises depuis plusieurs années pour lutter contre les discriminations et les violences sexuelles : mise à l’ordre du jour régulière du sujet à tous les niveaux du réseau (AG, CA, bureau, événements de formation, etc.), sensibilisation des associations étudiantes dans nos outils d’information, mise en place de dispositifs d’écoute et de recueil de la parole, disqualification et condamnation immédiate de tout comportement ou propos identifié comme sexiste, discriminant ou harcelant, sanctions en direction des auteurs de ce comportements…

La modestie s’impose à nous. Dans la société traversée par le sexisme et dans une organisation de jeunes – où par nature le renouvellement de ses membres est très fréquent – il faut cent fois sur le métier se remettre à l’ouvrage. La mission d’éducation populaire de la FAGE et de ses membres se révèle primordiale ; au-delà des organisations, c’est chacun de nous qui est invité à travailler sur soi.

Pour cela, la prise de parole des individus et la transparence des organisations sont cruciales pour provoquer un changement des mentalités, et ainsi mettre à bas les pratiques de harcèlement et de sexisme. Le silence n’est pas une option. Il est essentiel que toutes et tous, État, corps intermédiaires, citoyens, prenions nos responsabilités et la mesure de ces souffrances intolérables. Il est nécessaire de parler et d’agir.

Ne fermons pas les yeux, ne rejetons pas le problème sur les autres.

Ne fermons pas les yeux, ne rejetons pas le problème sur les autres. Nous savons que les discriminations, le harcèlement et les violences sont présentes dans les organisations étudiantes. Nous en avons eu la preuve ces derniers jours : les feux brûlants des projecteurs de l’actualité se sont braqués sur une organisation étudiante – concurrente de la FAGE. Soyons directs : bien qu’ayant de profondes divergences de point de vue, de méthode et de culture, il n’est pas question d’exploiter cette actualité à des fins syndicales. Personne ne peut être exempt de tout reproche sur ce sujet. Nous prenons donc aussi la parole sur ce sujet pour chasser – y compris au plus près de nous – le silence, ce pernicieux complice des violences sexuelles.

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