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Le blog du Président de la FAGE
Régulièrement, la présidente ou le président de la FAGE publie une tribune sur des sujets liés à l'enseignement supérieur et la recherche, à la jeunesse ou à la société.
Vous pouvez également y retrouver des articles de ses prédécesseurs Paul Mayaux, président de 2020 à 2022, Orlane François, présidente de 2018 à 2020, Jimmy Losfeld, président de 2016 à 2018 ainsi qu'Alexandre Leroy, président de 2014 à 2016.
décembre 2015
La haine n’aura pas nos voix !
A l’instar d’un grand nombre de jeunes au soir du premier tour des élections régionales, les résultats ont suscité en moi un sentiment partagé entre l’indignation, le découragement, la colère, la peur et la tristesse.
Très vite, la sidération a laissé place à l’interrogation : qu’avons-nous manqué, à nouveau, qui provoque tant de perte de repères de la part de notre société ?
Aussi, je m’alarme moins des résultats des listes frontistes que de ce qu’ils traduisent de l’état de notre société. La participation des jeunes, en chute libre depuis plusieurs années, mise en parallèle à la large part de jeunes dans l’électorat du Front National laisse à mon sens apparaitre une triple fracture au sein de notre jeunesse : sociale, citoyenne et identitaire. Ces fractures menacent notre modèle démocratique bien plus férocement que le progrès de l’obscurantisme dans les urnes.
Pourtant, depuis lundi, j’ai lu trop d’articles et entendu trop de paroles visant à nous accabler, nous les jeunes. Abstentionnistes, je-m’en-foutistes, inconscients : rien ne nous a été épargné. Face à cela, trop rares ont été les propos se penchant sur les raisons des désamours, des découragements, des désaveux.
Trop rares aussi ont été les oreilles tendues vers celles et ceux d’entre nous qui au quotidien subissent le recul du service public, la précarité, la désincarnation de la puissance publique. Trop peu nombreuses ont été les considérations portées à celles et ceux qui ne se reconnaissent pas ou plus dans les discours ou les représentants politiques, faute de renouvellement, faute de prise en compte, faute d’un langage réinventé. Trop rares enfin ont été les paroles justes proposées à celles et ceux d’entre nous qui accablés, fragilisés, précarisés et à bout de souffle, ont trouvé un refuge illusoire dans un discours identitaire faussé, mais au simplisme rassurant. Si l’heure est à la mobilisation en faveur d’une issue d’égalité, de fraternité plutôt que de division et de populisme, nul ne pourra après ces élections, faire l’économie d’un débat impérieux : est-ce bien la jeunesse qui est à blâmer ?
Dans l’immédiat, il nous reste trois jours pour choisir de ce que sera lundi prochain, et nul doute que notre mobilisation, celle des jeunes, en décidera.
A celles et ceux d’entre nous qui ne se sentent représentés par rien, ni personne, qui se jugent hors des radars des politiques, laissés pour compte, j’aimerais pouvoir assurer que le vote pour des forces républicaines, dimanche prochain, changera radicalement la situation. L’unique chose que je peux affirmer sans craindre de me tromper, c’est que l’abstention ou pire, le vote d’extrême droite n’améliorera en rien cette situation que trop de jeunes rencontrent.
Quoi ? C’est une société sécuritaire et fermée sur elle-même qui nous permettrait de panser nos plaies ? Qui peut raisonnablement croire que la préférence nationale à l’emploi, idée aussi absurde que populiste, résoudra notre problème de chômage ou d’entrée dans le monde du travail ? Ou bien l’apprentissage dès 14 ans, cassant d’autant la scolarité obligatoire et agrandissant le fossé entre les jeunes ? Est-ce le recul de droits acquis de haute lutte, comme la maîtrise de leur sexualité par les femmes, le mariage pour tous, qui fera progresser l’égalité ?
Et n’est-ce pas insulter notre propre intelligence que de penser que le Front National se soucie des politiques publiques régionales envers les plus fragiles ? Car rappelons le, nous en sommes, nous jeunes, des plus fragiles. N’aurait-on, dès lors, lu dans les programmes frontistes des propositions concrètes sur les dispositifs d’orientation, de promotion de la mobilité pour tous, d’ambition renouvelée pour l’accès de tous à la formation, etc… ? A défaut, nous a été servie cette soupe, à base de sécurité, d’immigration, de laïcité-qui-n’en-est-pas. Tout ce qui, en somme, ne relève pas des compétences d’une région. Alors quoi, on veut jouer à se faire peur, au risque d’être les idiots utiles d’une stratégie de marchepied vers l’élection présidentielle ? Non, nous ne le ferons pas !
Aux discours simplistes, nous devons opposer une parole simple. Notre société ne souffre pas de trop d’égalité, loin s’en faut, elle en crève plutôt d’un manque criant. Le Front National nous demande de choisir notre France, répondons-leur que nous ne les avons pas attendus.
A une France de l’exclusion qui trie ses enfants dès le collège, voir avant, selon leur origine sociale, préférons la France garantissant à chacun le droit de choisir ce que sera sa vie ; grâce à l’école de la république, grâce à l’accès au sport et à la culture, grâce au droit d’étudier dans l’enseignement supérieur.
A une France renfermée sur elle-même, dans l’illusion béate et coupable qu’il n’y aura pas de conséquences, économiques, diplomatiques, commerciales et sociales, préférons la France que nous aimons, celle qui rayonne, celle qui inspire, celle qui accueille.
A une France de la hiérarchisation des citoyens, selon qu’ils soient femme ou homme, selon leur sexualité, selon leur religion, selon leurs engagements, préférons la France qui aime et protège chaque individu, et qui leur permet, ensemble, de faire société.
Dimanche donc, il ne tient qu’à nous de faire barrage au Front National, à ses idées dangereuses, et à son cortège de tristes sirs aussi populistes qu’ils sont hypocrites.
Tribune rédigée par Alexandre Leroy, Président de la FAGE de 2014 à septembre 2016.
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