Regroupements expérimentaux : la FAGE craint une dérégulation inacceptable de l’enseignement supérieur

20/02/19

Le mardi 12 février les statuts de l’Université de Paris étaient présentés au CNESER. L’établissement public expérimental construit au travers des dérogations permises par l’ordonnance de décembre dernier laisse présager un avenir sombre pour l’enseignement supérieur. La FAGE s’y est opposée comme elle s’était opposée à l’ordonnance “regroupements”.

En effet c’est un établissement vidé de sa représentation étudiante dans la plus haute instance décisionnelle qui était soumis à l’avis du CNESER la semaine dernière. Sur les 16 personnalités élues au conseil d’administration seul 3 sont des étudiant.e.s. La proportion de représentants du corps enseignant, professeur et assimilé laisse présager une gouvernance où la recherche est mise en lumière à l’égard de la formation. Et alors que la parité entre enseignants et étudiants est de mise dans l’équivalent fonctionnel de la commission de formation et de vie universitaire, celle-ci ne sera présente que pour les questions de vie étudiante. La FAGE a dénoncé ces deux attaques à la capacité des étudiants à participer aux décisions, comme s’ils n’étaient pas les premiers concernés par la formation, la vie étudiante et la recherche de ces établissements. La FAGE tient à rappeler que les étudiants sont les premiers concernés et doivent prendre par pleinement aux prises de décisions dans leur université.

Ce premier projet d’établissement expérimental laisse présager le pire pour l’avenir. En effet si aujourd’hui la FAGE ne peut consentir à une diminution de la représentation étudiante dans les instances des universités, l’ordonnance telle qu’elle est construite permet bien d’autre travers dans la construction de ces EPE. Et les projets ayant annoncé qu’ils se saisiraient de cette ordonnance sont nombreux.  La sortie de ces mastodontes est prévue pour une majeure partie d’entre eux en 2020.

Bien qu’on leur donne le nom d’expérimentation, il semble difficile de renoncer aux dérogations sans changer en profondeur la nature de l’établissement à l’issue du délai de 10 ans parmi lesquelles on peut déroger aux règles de représentation et d’élection. Plus que de simples expériences, cette ordonnance restructure entièrement la gouvernance de l’enseignement supérieur français sans contrôle. En rompant avec la tradition d’un service public comme une communauté soudée autour de l’enseignement et de la recherche, la réforme permise par l’ordonnance regroupements et sa première application ne seront sans doute pas des mesures temporaires.

Pourtant, dans ce regroupement, la FAGE salue les universités qui ont su impliquer les étudiants dans le processus de création de l’établissement, mais ce processus ne saurait être acceptable pour la FAGE alors que la participation des étudiants à la gouvernance diminuera.

La FAGE ne s’oppose pas à la logique de regroupements dans l’enseignement supérieur, mais elle tient à la démocratie universitaire. Alors que l’Université de Paris reste dans le droit commun concernant la délivrance des diplômes et veut rester ouverte à toutes et tous, la FAGE craint que les prochains regroupements utilisent les dérogations de la loi de façon injustifiée.

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