Le 5 septembre
dernier, la phase principale de la plateforme d’affectation ParcourSup s’est
achevée. À l’issue de la procédure normale, 583 032 jeunes ont reçu une
proposition d’admission dans l’enseignement supérieur, contre 541 204 en 2017
avec APB. C’est donc 40 000 étudiants en plus qui vont pouvoir étudier dans une
formation de leur choix cette année. Pourtant, il restait le 5 septembre encore
7 745 candidats sans affectation dont 3 674 lycéens. En 2017 il restait autant
de candidats néo-bacheliers à la fin du mois de septembre, à l’issue de la
phase complémentaire. Une légère avance positive qui doit permettre au
Ministère de tout mettre en œuvre pour qu’il ne reste aucun candidat sur le
carreau, comme la Ministre Frédérique Vidal l’a promis avant l’été. La FAGE attend
de la Ministre qu’elle respecte sa promesse et invite les candidats sans
affectation à s’inscrire dans des formations avec la procédure complémentaire
ou à solliciter la commission d’accès à l’enseignement supérieur.
Comme son
prédécesseur, ParcourSup présente des limites techniques à surmonter mais il a
permis des avancées non-négligeables en matière d’égalité des chances entre les
candidats. Si une première analyse de la session d’affectation de 2018 est
possible, il faudra attendre que le Ministère de l’Enseignement supérieur, de
la Recherche et de l’Innovation publie l’ensemble des chiffres avant de pouvoir
tirer un bilan complet et objectif.
La fin de la
sélection par tirage au sort est une avancée, mais elle n’est pas
significative. Pour la FAGE, l’enjeu de la loi ORE et de ParcourSup était en
priorité de permettre à chaque jeune de s’inscrire et de réussir dans la
formation de son choix et de limiter l’échec massif en licence, ce gâchis
humain, problème majeur de nos universités.
Si les
performances techniques de ParcourSup ne font pas beaucoup mieux qu’APB, la
non-hiérarchisation a le mérite de permettre à l’ensemble des candidats de
choisir en conscience durant l’été leur affectation définitive, limitant les
mécanismes d’auto-censure qui minaient le fonctionnement d’APB. Désormais le
processus est plus clair, et la plateforme révèle sans surprise les inégalités
très importantes provenant du système éducatif français. Le stress des
candidats reste important, en particulier sur une période de quelques mois au
milieu de laquelle se déroulent les épreuves du baccalauréat.
Outre la
dimension technique de la plateforme, les premiers chiffres à l’issue de la
procédure principale pointent des avancées substantielles en matière d’égalité
des chances :
- La fin de la
priorité académique et l’instauration d’un quota « mobilité » a permis de
favoriser la mixité, notamment à Paris : au 6 septembre, plus de 43 % des
candidats de l’académie de Créteil ont eu une proposition à Paris, contre 26 %
avec APB.
- L’instauration
de quotas de boursiers et une meilleure politique d’admission des bacheliers
professionnels et technologiques dans les formations courtes et
professionnalisantes ont permis une affectation plus juste et plus efficace
cette année pour ces deux publics : près de 65 % des bacheliers professionnels
ont eu une proposition en STS, contre 53 % en fin de procédure en 2017 ; près
de 21 % des bacheliers technologiques ont eu une proposition en DUT, contre 12
% en 2017.
La FAGE s’est
donnée pour objectif d’obtenir plus de justice sociale tant dans l’accès que
dans la réussite dans les études supérieures et ces premiers éléments montrent
des avancées significatives en la matière.
Il convient
désormais d’analyser ces chiffres pour les 40% de formations sélectives,
souvent très élitistes, comme les prépas ou encore les écoles de commerce et
d’ingénieurs.
Dans les
formations non-sélectives, 135 000 “oui si” ont été proposés. Ces parcours
d’accompagnement personnalisés pour la réussite des étudiants doivent cependant
se concrétiser et être efficaces pour aider les étudiants.
La FAGE
rappelle que l’affectation de plus de 800 000 jeunes chaque année est un défi
pour notre pays, mais c’est aussi un enjeu économique et social. Lutter contre
le chômage massif des jeunes et permettre l’élévation du niveau de
qualification global des nouvelles générations doit être une priorité. A ce
titre, il est nécessaire d’étudier précisément les questions de calendrier, car
ajouter un mois dans la procédure d’affectation permettrait de rendre
l’affectation plus efficace mais surtout moins anxiogène pour les candidats. De
plus, la FAGE propose de réintroduire la hiérarchisation des vœux exclusivement
dans la phase complémentaire afin d’accélérer cette dernière. Au-delà de ces
quelques propositions de bon sens, la FAGE formulera d’autres revendications
d’amélioration pour la plateforme dès lors que l’ensemble des chiffres sera rendu
public. La FAGE appelle le Ministère à faire preuve de la plus grande
transparence à cet égard comme cela fut le cas pendant la période
d’affectation.
ParcourSup est
l’un des éléments d’une réforme plus globale qui ambitionne d’améliorer
l’articulation entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur : le
Plan Étudiants.
La FAGE reste
attentive à ce que l’actualité de ParcourSup ne fasse pas oublier aux pouvoirs
publics leurs promesses sur l’orientation au lycée, sur la construction de 60
000 logements étudiants, sur l’évolution de la licence pour faciliter les
réorientations ou encore sur le développement de pédagogies innovantes, sources
de réussite pour le plus grand nombre.
La FAGE
rappelle que seul un investissement budgétaire d’un milliard d’euros par an
permettra de concrétiser la démocratisation de l’accès et de la réussite de
l’enseignement supérieur.
Lire aussi | "Parcoursup: «les chiffres montrent un progrès vers l’égalité des chances»", Le Figaro Etudiant, le 13/09/18
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