Prise en application de la loi “Pour un Etat au
service d’une société de confiance”, la première mouture du projet d’ordonnance
visant à réformer la politique de site de l’Enseignement supérieur vient
bouleverser et porter une dérégulation totale de la gouvernance des
établissements en mettant fin au modèle de démocratie de l’Université
française, à rebours total de la confiance qu’on doit attendre du service
public d’enseignement supérieur.
Cette proposition de texte est en l’état inacceptable pour la FAGE. En
ouvrant le champ des possibles et en laissant toute liberté aux établissements
de définir leur organisation, on encourage ici la création de mastodontes
gouvernés d’une main de fer par un seul individu et potentiellement à vie, car
aucune limite temporelle n’existe. La FAGE refuse d’abandonner la notion de
démocratie sociale, intrinsèquement liée à la notion de service public.
La FAGE, favorable à la logique des regroupements, a, à de nombreuses
reprises, rappelé la nécessité de créer des garanties en matière de gouvernance
comme préalable à toute évolution. Si l’expérimentation était envisageable, il
était nécessaire de garantir une gouvernance collégiale et démocratique, sans
mettre à mal la représentation étudiante. Mépriser la prise en compte de l’avis
des étudiants au sein des établissements d’enseignement supérieur c’est non
seulement un aveu d’échec colossal de la vocation d’émancipation citoyenne de
ces établissements, mais c’est aussi se priver d’une expertise et du retour
d’expérience essentiels pour l’évolution de la politique de site. Les étudiants
n’accepteront pas qu’on les bâillonne sans agir.
La FAGE avait également rappelé que la structuration de notre
enseignement supérieur ne saurait se faire pour répondre aux désidératas d’un
jury international mais qu’ils devaient correspondre à l’objectif d’une
nécessaire coordination territoriale, dans le respect des orientations tracées
par les Stratégies Nationales de l’Enseignement Supérieur (STRANES) et de Recherche
(SNR). Un regroupement d’établissements ne doit pas avoir pour seul objectif
d’améliorer sa performance dans les classements internationaux. Il doit être un
outil de d’émancipation au service de l’augmentation globale du niveau de
qualification de la population, au service de la démocratisation de
l’enseignement supérieur, de la vie étudiante, de la recherche.
Le Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER)
devra rendre un avis sur le texte lors de la séance d’octobre. La FAGE, non
consultée jusqu’à maintenant, demande la mise en place d’un réel dialogue social avec l’ensemble des
partenaires sociaux.
Le dialogue social entre le Ministère de
l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation ne peut pas être à
géométrie variable ! Il est urgent de renforcer la participation des étudiants
aux décisions qui les concernent.
La FAGE appelle le
gouvernement à ouvrir des états généraux de l’enseignement supérieur et de la
recherche pour évaluer les nombreuses réformes qui ont été menées ces vingt dernières
années afin d’en mesurer l’impact, notamment, sur la démocratisation de la
réussite étudiante et les conditions de travail des personnels. Mais aussi pour
que les personnels et les usagers puissent enfin être associés à la définition
d’un nouveau modèle d’enseignement supérieur et de recherche.
Nous suivre sur