Depuis le 22 mai, la nouvelle plate-forme Parcoursup est
entrée en activité. Avec le changement d’algorithme, la temporalité de
l’affectation se voit profondément modifiée. Alors qu’il est difficile
d’établir un jugement aussi précoce sur ce nouveau système, certains n’ont pu
s’empêcher de se faire les sirènes alarmistes et anxiogènes au détriment des
bacheliers 2018. La critique insiste sur une sélection qui aurait vu le jour
avec cette nouvelle plateforme. Mais cette sélection existait bien
avant ! L’obscurité d’APB
permettait d’occulter la véritable injustice qui existe dans notre enseignement
supérieur : l’existence de filières sélectives favorisant l’entre soi
social. Parcoursup permet de la rendre visible aux yeux de tous ! Il sera
donc plus facile de la combattre. Car tous les jeunes et tous les personnels
ont droit à la même considération.
En effet, depuis des décennies, bien avant les
plateformes APB ou Parcoursup, s’est développé un enseignement supérieur à deux
vitesses, avec des filières sélectives (CPGE, IEP, DUT, BTS, formations
paramédicales…) et des filières non sélectives (licences). Sans que les mêmes
qui critiquent aujourd’hui Parcoursup ne
se posent la question de la violence de ce système sur les jeunes et les
personnels. Ce n’est pas Parcoursup qui empêche un étudiant d’être inscrit dans
ces filières sélectives, c’était déjà le cas avant !
Le vrai problème est celui de la place des filières
sélectives dans le système d’enseignement supérieur, et donc de l’adéquation
public/formation et de son corollaire : le financement de ces formations.
Qu’il y ait ou non une plateforme pour recenser les vœux ne change rien au
principe de tri des dossiers qu’opèrent ces filières sélectives. La différence,
c’est qu’avant Parcoursup, cette sélection n’était pas visible nationalement.
Et la fameuse « pastille verte » d’APB permettait de masquer le
problème, en proposant un pis-aller à ceux/celles qui n’étaient accepté.e.s
dans aucune filière sélective de leur choix. Ils avaient donc une réponse
« oui », même si elle ne leur convenait pas du tout ! Leur
exclusion était ainsi camouflée, loin du regard des média.
Pour certaines filières, dans le domaine médical et
paramédical en particulier, ce système se conjugue à une forme de sélection
encore plus violente avec l’existence de concours qui entraîne notamment la
marchandisation de la préparation à ces concours. Ce système de préparation,
parallèle, privé, et non-qualifiant, conduit dans certains cas les étudiant.e.s
à préparer pendant 1, 2 voire 3 ans un concours qu’ils déclineront dans 7 à 8
instituts différents. Les coûts s’additionnent à chaque fois ainsi que les
années de préparation qui ne valident aucun diplôme.
Ainsi, plutôt que s’élever contre Parcoursup, qui ne fait
que mettre en lumière une injustice dénoncée depuis longtemps par La Fage et
le Sgen-CFDT, il serait plus juste de s’attaquer aux vrais problèmes :
Toutes les formations post bac ont connu une
très forte croissance de leurs effectifs ces dernières années, sans que les
moyens ne soient augmentés à proportion. Il est donc urgent de renforcer la
dotation des établissements, avec une véritable logique de création de postes
Pour sortir de l’impasse liée à la sélection
telle qu’elle existe actuellement, il faut définir les rôles respectifs des
formations : quels publics pour quelles formations ? Quels moyens en
fonction de ces publics ? Sinon, toutes les formations sélectives vont
continuer à retenir ceux qui sont considérés comme de « bons
étudiants », et continueront à leur consacrer des moyens très supérieurs
aux formations non sélectives !
Il convient de profiter de l’inclusion sur
Parcoursup de l’ensemble des filières pour mettre fin aux concours qui barrent
l’entrée de certaines filières, comme c’est le cas par exemple pour les
formations de soins infirmiers.
On ne peut pas demander à des élèves de 15 ans
(choix de la seconde) ou de 18 ans (post- bac) de faire des choix dont ils ont
l’impression qu’ils engagent leur vie entière. Il faut donc travailler à créer
des passerelles entre les formations et développer massivement la formation
tout au long de la vie afin de ne pas rester enfermé dans sa formation
initiale.
Il faut également développer l’accompagnement au
lycée dès la seconde, pour que TOUS puissent préparer efficacement et
sereinement cette étape essentielle du passage du secondaire au supérieur. Il
faut donc donner du temps aux élèves et aux personnels des lycées (Professeurs
principaux, Psy-en …) et créer en particulier des postes de Psy-en.
Il faut développer les partenariats entre lycées
et établissements d’enseignement supérieur. Pour cela il faut donner du temps
aux personnels de ces établissements et créer des postes dans les services en
charge de l’information, de l’orientation et de l’insertion
professionnelle en particulier.
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