Après un projet présenté lors de la campagne présidentielle, un rapport parlementaire, des annonces contradictoires
du Gouvernement, le groupe de travail chargé de définir les contours du futur service national universel (SNU) a rendu ce jeudi
son rapport à l’Élysée : un mois d’internat pour chaque jeune à partir de 16 ans.
La FAGE dénonce cette proposition démagogique qui vise à « recadrer » une jeunesse qui serait la source de
tous les maux de notre société : radicalisation, délinquance, abstention, apathie et subversion. Des jeunes qui ne s’engageraient
plus, devraient « renouer » avec la société par le SNU ; des jeunes prompts à la radicalisation et aux pensées antirépublicaines
devraient passer par un SNU assurant de remettre chaque jeune dans le droit chemin.
C’est un énorme pas en arrière, fruit d’un véritable fantasme qui considère qu’un service national obligatoire imposé
par la Nation permettra à la jeunesse, dans toutes ses composantes, de mieux « filer droit ». Une approche punitive ! En se
détournant des organisations du lointain XXème siècle, des partis politiques désertés et des syndicats peinant à se repenser,
les jeunes ne s’éloignent ni de l’engagement, ni de la politique. C’est, en réalité, tout à fait le contraire : nos générations
sont probablement, parmi celles des dernières décennies, les plus sensibles à l’engagement citoyen, au monde qui
les entoure, à la chose publique, à la vie de la Cité. Si cette sensibilité se mue dans des codes et pratiques nouvelles, elle
s’exprime par des choix et usages inédits, la réalité est bel et bien là : la jeunesse n’est pas résignée à regarder le monde se
faire sans agir. L’y contraindre reviendrait à casser cette volonté de s’engager, d’agir, de participer, qui n’existe que parce
qu’elle est intrinsèquement volontaire et consciente.
S’il est nécessaire d’opérer à plus de mixité sociale et de permettre une meilleure émancipation citoyenne de la
jeunesse, c’est dans l’éducation et la formation que le gouvernement devrait focaliser ses efforts ! L’encasernement des
jeunes pendant un mois pour un coût astronomique de plus de 3 milliards d’euros apparaît comme profondément déconnecté
des besoins des jeunes et bien plus au service d’un discours politique.
Ce choix budgétaire, s’il est confirmé par le Président de la République, est en totale contradiction avec ceux opérés
dans notre système de formation. Alors que la FAGE réclame un investissement d’ampleur dans l’enseignement supérieur et
la recherche, à hauteur d’un milliard d’euros par an, la FAGE n’accepterait pas de voir ce budget sacrifié lors du prochain
projet de loi de finances au profit du SNU.
La FAGE tient à rappeler que la jeunesse doit être une priorité de notre nation. Si permettre à tous les jeunes sans
distinction de s’engager librement est un objectif essentiel, il doit se matérialiser vers l’universalisation du volontariat en
service civique ! Un dispositif qui a fait ses preuves depuis 7 ans et qui permet aujourd’hui à plus de 100 000 jeunes de
s’engager chaque année et de s’émanciper. La FAGE rappelle par ailleurs que la priorité absolue du gouvernement doit être
l’accompagnement de tous les jeunes vers la formation et vers l’emploi, condition nécessaire de l’autonomie d’une
génération qui refusera d’être sacrifiée.
La FAGE demande l’organisation d’une concertation afin de remettre à plat ces propositions inadaptées. Il ne
peut être question de décider de l’engagement et l’avenir de la jeunesse de France sans y associer les jeunes eux-
mêmes.
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