Depuis plusieurs
années, l’ensemble de la communauté étudiante et enseignante fait le constat du
grand nombre d’années universitaires perdues par des étudiants s’engageant en
PACES pour y tenter le concours permettant d’accéder à différentes filières de
santé. Pour limiter ce gâchis et diversifier les profils d’étudiants entrant
dans ces études, des expérimentations PACES ont été lancées en 2013 pour une
durée de six ans portant sur différents dispositifs de réorientation précoce,
de spécialisation progressive avec réorientation par paliers (PluriPASS), ou
encore d’admission directe en études de santé sur la base d’un dossier et d’un
oral (alterPACES)...
Dans le cadre de la
concertation sur la réforme du premier cycle universitaire menée par le
Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et
ayant abouti au Plan Étudiants, un groupe de travail piloté par le Professeur
Jean-Paul Saint-André a mené des réflexions spécifiques sur l’entrée dans les
études de santé. Les organisations représentatives des étudiants en santé
(filières de la PACES et autres) ont été concertées dans ce cadre. Les conclusions
de cette concertation convergent vers la nécessité d’aboutir à un système
proche de celui proposé par la nouvelle vague qui verra le jour à la rentrée
2018. Cette nouvelle vague d’expérimentations adjoindra obligatoirement une
alterPACES à toute “PACES particulière”, et ne concernera que les Universités
qui auront fait le choix de se lancer dans l’expérimentation après
concertations des élus, des personnels, des enseignants et des étudiants.
La PACES particulière
consiste en une PACES sans redoublement, mais conservant
néanmoins deux chances d’accès aux études de santé, et - au total - les mêmes
chances d’accès entre les étudiants ancienne et nouvelle formule. Le
redoublement conduit les néo-bacheliers à se mesurer, lors d’un concours, à des
étudiants ayant un avantage compétitif (les doublants), et conduit à faire
redoubler une année à des étudiants qui auraient progressé en 2ème année dans
une licence classique. À Paris 6 en médecine pour l’année 2016-2017, cela
concerne par exemple tous les étudiants entre 10 et 13,47 de moyenne qui malgré
la “validation” de leur année universitaire sont contraints de redoubler pour
retenter leur chance au concours.
Ce nouveau système sans redoublement permettra aux candidats d’accéder à leur
seconde chance tout en progressant dans leur parcours universitaire. Il devient
ainsi possible à un étudiant de valider une licence en 3 ans tout en ayant
tenté sa chance 2 fois au concours PACES, là où il aurait fallu entre 4 et 5
années dans d’autres Universités. Le bénéfice pour les étudiants est donc
majeur !
Par ailleurs, ce
système constitue une réponse forte aux problématiques de capacités d’accueil
en PACES (notamment franciliennes) en réduisant drastiquement le nombre
d’étudiants à accueillir sur les bancs de la faculté : ceci permet de garantir
l’accès de tous les lycéens le souhaitant à la PACES, en prévenant une
éventuelle sélection à l’entrée de la filière par dépassement des capacités
d’accueil.
Le numerus clausus est
séparé entre deux chances : le concours et l’alterPACES. Les places du concours
sont attribuées pour une part, dans un premier temps, sur la base des résultats
d’un examen écrit (principalement sous forme de QCM) et pour
le reste, dans un deuxième temps, sur la base des résultats d’un examen
oral. Les places de l’alterPACES peuvent en théorie représenter jusqu’à 25%
du numerus clausus. Au final, un étudiant aura un nombre équivalent de chances
d’accéder aux études de santé par rapport à celui du modèle PACES classique.
Favorables à la mise
en place de cette expérimentation qui fait un pas de plus indéniable en faveur
de la réussite de toutes celles et ceux qui s’essaient aux concours en PACES,
nous avons pu, au cours de l’élaboration de cette expérimentation, sécuriser la
mise en place d’un certain nombre d’éléments préalables. Une formation à l’oral
doit être dispensée par les Universités pour limiter le risque de voir se
développer de manière importante des préparations payantes auxquelles nous
sommes farouchement opposés. Des modalités de transition doivent
être appliquées pour garantir une égalité des chances entre les étudiants des
années précédentes et de la PACES particulière : en particulier, une
augmentation transitoire du numerus clausus de l’ordre de 25% est
indispensable (avec augmentation des capacités de formation associées)
pour permettre aux néo-arrivants de ne pas être handicapés par la présence des
doublants “ancienne formule”. Enfin, la possibilité de se réorienter
des étudiants en deuxième année de licence devra être garantie par les Universités pour tous les étudiants validant leur PACES mais n’étant pas assez
bien classés pour intégrer les études de santé.
C’est, au final, une
expérimentation ambitieuse et novatrice en faveur de la réussite de l’ensemble
des étudiants (qu’ils parviennent ou non à intégrer les études de santé) qui
fait aujourd’hui l’objet d’un consensus large entre les acteurs
institutionnels, étudiants et universitaires. Nous resterons vigilants à ce que
l’application dans les Universités ne donne pas lieu à des systèmes caducs et
inégaux, et ne dévoie pas l’esprit positif avec lequel le cadrage a été conçu.
L’ensemble des expérimentations fera bientôt l’objet d’une mission
d’évaluation, conformément à la loi de 2013. Cette évaluation pourra déboucher
sur des améliorations et, éventuellement, une inscription dans le droit commun
des modèles qui auront fait la preuve de leur efficacité.
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