Loi Master : une mise en place bien loin de l'esprit global de la réforme

12/12/17

La rentrée 2017, en plus d'être marquée par les fortes problématiques d'accès à la première année de l'enseignement supérieur fût la première rentrée de la réforme Master adoptée en fin d'année 2016, que la FAGE avait largement soutenue.

Cette réforme, nécessaire et demandée par la FAGE, avait été validée par l’ensemble des organisations étudiantes, des syndicats d'enseignants et de la CPU.

Pour rappel, cette loi a consacré deux éléments :

  • La suppression de la sélection absurde entre M1 et M2

  • La création du droit à la poursuite d'études en Master,

Cette loi visait ainsi mettre un terme à des années de statu quo. La sélection qui régnait entre les deux années suscitait de multiples problèmes. Son coût social était conséquent puisque des étudiants ayant validé une première année de Master pouvaient se retrouver sans perspective de poursuite d’études en seconde année de Master et donc d’obtention du diplôme visé. Ainsi, ils se retrouvaient sans possibilité de valoriser leur niveau de qualification et ne pouvaient faire valoir que leur niveau de Licence sur le marché de l’emploi.

Parce qu'il était fondamental de permettre l'élévation du niveau de qualification de la jeunesse et donc de démocratiser l'accès au Master, nous avions à l'époque émit plusieurs points de vigilance. Le premier était la fixation éventuelle de capacités d'accueil. Il était en effet nécessaire de s'assurer qu'il n'y ait pas diminution globale du nombre d'étudiants par Master, cela ne faisait aucun sens ni au niveau pédagogique, ni au niveau de l'insertion professionnelle. Ensuite, il était important que l'ensemble des Masters respecte la mise en place de la loi, et que les Universités jouent le jeu en communiquant avec les Rectorats pour rendre tangible le droit à la poursuite d'études et en communiquant largement ce droit aux étudiants de chaque Université.

A maintenant 3 mois de la rentrée 2017, le constat est simple : les universités ont bafoué le principe même de la loi et n'ont pas respecté l'esprit de la réforme !

Premièrement, la mauvaise communication sur la plateforme "trouvermonmaster.gouv.fr" ainsi que sa mauvaise ergonomie n'ont pas permis à l'ensemble des jeunes d'être égaux face à leur droit et à leurs possibilités. Il est urgent de repenser la forme et l'utilisation de cette plateforme et d'y permettre une gestion centralisée des candidatures. De plus, les universités ont joué sur le temps de réponse, en faisant durer de manière très importante, voir indéfinie, l'étude des dossiers, ce qui a mis de nombreux jeunes en difficulté, et pour la plupart d'entre eux, elles n'ont toujours pas répondu aux rectorats les sollicitant depuis plusieurs mois maintenant. De nombreux étudiants se retrouvent ainsi sur le carreau n'ayant pu jouir de leur droit à la poursuite d'étude.

Ensuite, un décret présenté cet été au CNESER vient lister les Masters entrant dans la dérogation et pouvant donc continuer à sélectionner entre le M1 et le M2. Outre les Masters de la filière Droit et Psychologie inscrits dans la loi comme dérogatoires, il est alarmant de voir le nombre de formations encore dans le modèle précédent. La FAGE s'était d'ailleurs vivement opposée à ce décret, en rappelant les enjeux de la réforme des formations du second cycle. De ce fait, ce sont encore de nombreux étudiants qui se retrouvent sans aucune possibilité de poursuite d'études après la validation d'une première année de Master 1 qui, pour rappel, n'équivaut à aucun diplôme.

Enfin, de nombreux Master ont vu leurs capacités d'accueil baisser fortement, diminuant ainsi le nombre possible d'étudiants sur ce cycle. Pire, certains Master ont accepté moins d'étudiants que de places disponibles, quand bien même le nombre de candidatures étaient supérieur. Pour rappel, cette loi instaurait un principe de régulation des dossiers à l'entrée en Master, en garantissant une poursuite d'études en cohérence avec le projet du jeune. Pas une sélection drastique comme nous l'observons aujourd'hui.

Ainsi, c'est aujourd'hui plusieurs centaines (si ce n'est plus) de jeunes qui n'ont pas eu accès au principe fort du "droit à la poursuite d'étude". La FAGE, de par ses dispositifs d'accompagnement et de défense des droits a pu en accompagner de nombreux, et en accompagne aujourd'hui encore plus d'une centaine.

Il est aujourd'hui inquiétant de voir comment une grande partie des universités a sabordé cette réforme, et le nombre d'étudiants qui sont encore sans formation à l'heure actuelle. La FAGE exige d'accompagner l'ensemble des étudiants lésés à la rentrée 2017 et exige également l'application juste et effective du droit à la poursuite d'étude ! Nous appelons les Présidents d'Université à prendre leurs responsabilités à cet égard.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous améliorer votre navigation, réaliser des statistiques de visites et vous donner accès à certaines fonctionnalités comme le tchat. En savoir plus et paramétrer les cookies individuellement