Notre système éducatif fait face à une crise importante qui,
face à la massification de l'enseignement supérieur, a conduit depuis plusieurs
années à devoir recourir au tirage au sort pour affecter des néo-bacheliers
dans l’enseignement supérieur. Outre cette pratique injuste, notre système
éducatif exacerbe les inégalités et n’accompagne pas assez les lycéens dans la
construction de leur projet d’études, se traduisant ainsi par de la ségrégation
sociale inacceptable et un taux d’échec et d’abandon trop important en première
année d’études supérieures.
Dans ces conditions, la FAGE, profondément attachée à
l’émancipation de la jeunesse, à l’égalité des chances et à la justice sociale,
a décidé de combattre le statu quo par sa volonté de réforme. Notre
objectif, garantir l’accès et la réussite aux nouvelles générations. Il s’agit
là d’un enjeu social et économique d’ampleur pour notre pays, à l’heure où le
marché du travail nécessite de plus en plus de qualifications et où le taux de
chômage des jeunes est encore massif.
C’est donc une réforme de l’accès à l’enseignement supérieur
sans sélection dont nous avons besoin. Le seul véritable prérequis doit être le
baccalauréat, et sa réforme, comme celle du lycée, est essentielle si nous
souhaitons garantir l’insertion professionnelle de la jeunesse.
Un lycée qui apporte les conditions de la réussite pour
s'engager dans les études supérieures, qui oriente mieux et de manière active,
garantissant à chaque lycéen l’opportunité de construire son projet d’études,
de se tromper et de s’inscrire dans la formation de son ambition.
Le passage entre enseignement secondaire et supérieur doit
être le moment de rebattre les cartes de son destin, de ne discriminer aucun
type de bac et de permettre le choix de changer de projet d’études, de
l’affiner, et de s’y épanouir pour mieux réussir. Adapter les licences est
également nécessaire, avec une spécialisation progressive, et le recours aux
innovations pédagogiques, s’appuyant notamment sur les nouvelles technologies
et le numérique, qui nous permettent aujourd’hui de former plus, de former
mieux et de limiter le décrochage.
Prendre cette réforme comme la simple réforme de la
plateforme « APB » c’est se tromper de sujet. Il faut adopter une
vision globale, réformer le système éducatif bien en amont, pour réduire au
maximum les inégalités sociales qu’il créée.
De plus et pour répondre aux profondes mutations en cours et
à venir, à la plateformisation de l’économie, au développement industriel de
l’intelligence artificielle, il est fondamental d’offrir à tout citoyen
l’opportunité de se requalifier, pour lui garantir emploi et insertion sociale.
A ce titre, la réforme de la formation professionnelle à venir doit être
l’occasion de placer l’Université comme un acteur central et majeur de cette
formation tout au long de la vie.
Il faut voir là l’opportunité de donner un emploi aux
nouvelles générations, de leur épargner le chômage, mais aussi de répondre aux
besoins de notre société, de rendre notre système de formation plus flexible, plus
juste, et réellement en phase avec notre société moderne.
Sortir des carcans rigides et dépassés, qui ne répondent plus
aux enjeux d’avenir.
Le gouvernement a l’occasion de révolutionner la manière
dont nous concevons l’éducation, la formation, l’émancipation des nouvelles
générations, et ce tournant majeur ne peut se faire sans les étudiants eux-mêmes.
C’est la raison pour laquelle la FAGE en appelle à la
responsabilité du Président de la République, de faire de ces réformes une
séquence historique pour faire progresser de notre système de formation.
C’est dans cet objectif que nous avons saisi le gouvernement
lors de notre rencontre lundi dernier avec le Premier Ministre Edouard
Philippe. Outre la nécessité de ne pas prendre cette réforme par le petit bout
de la lorgnette, un Plan d’Urgence pour accueillir et assurer la réussite de
tous est indispensable pour faire face à la rentrée 2018.
Ce plan devra prévoir un juste financement de la réforme, la
mise en place d’une priorité d’accès pour les bacheliers professionnels dans
les BTS, d’une priorité d’accès pour les bacheliers technologique dans les IUT,
et la généralisation des innovations pédagogiques des licences STAPS et PACES
de Grenoble, qui par la dématérialisation des cours magistraux et le
renforcement des travaux dirigés, ont réussi à augmenter leur capacité
d’accueil et le taux de réussite des étudiants.
Un compromis est encore possible. Pour les nouvelles
générations nous n’avons pas le droit à l’erreur, notre seule issue possible
est une réforme ambitieuse et juste, qui garantisse l’égalité des chances, et
qui permette à tous de concrétiser son projet d’étude, d’accéder à
l’émancipation et in fine de trouver sa place dans la société.
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