Pourtant, le secteur non-marchand a vécu l’annonce durant l’été d’une réduction drastique du nombre de contrats aidés comme un véritable couperet. Annoncée sans concertation aucune et sous les traits d’une mesure purement gestionnaire sans prise en compte des réalités économiques et politiques, la décision du gouvernement de réduire durement les contrats aidés de l’ensemble des secteurs prend en compte des objectifs strictement budgétaires. Les justifications a posteriori d’une prétendue inefficacité des contrats aidés dans l’action publique contre le chômage apparaissent ainsi largement discutables.
En effet, en annonçant remplacer les dispositifs de contrats aidés par des dispositifs de formation, le gouvernement occulte l’obligation de l’organisation bénéficiaire de contrats aidés de participer à la formation de l’employé. Plus encore, de telles déclarations semblent ignorer que les contrats aidés tels que les « Contrats d’Avenir » prennent place dans des parcours d’insertion plus globaux, alternant entre périodes de formation et périodes d’expérience et de découverte du monde professionnel, par les contrats aidés notamment. C’est le cas, par exemple, de milieux de jeunes qui bénéficient de « Parcours Contractualisés d’Accompagnement vers l’Emploi et l’Autonomie » (PACEA) dans leurs Missions Locales.
Plus encore, le caractère soi-disant inefficace des contrats aidés repose sur deux assertions discutables : « l’effet d’aubaine » permettant à des organisations d’embaucher moins cher du personnel qu’ils auraient de toutes les manières embauché, et le « non-retour à l’emploi » après un contrat aidé. Concernant le premier point, le gouvernement semble ignorer que la très large majorité des contrats aidés bénéficient au secteur non-marchand, secteur dans lequel l’effet d’aubaine est quasiment inexistant : en l’absence de contrats aidés, les associations n’embaucheraient pas et réduiraient simplement leur activité. L’effet sur l’emploi est donc bien réel.
Enfin, les difficultés d’embauche après un contrat aidé ne sauraient constituer un argument pertinent : le chiffre des embauches reste plus élevé que pour la population générale des chômeurs, et nombre d’entre eux ne retournent pas en emploi immédiatement car ils bénéficient d’une formation à l’issue de leur période de contrat aidé1.
Le gouvernement tente ainsi de jeter l’opprobre sur les contrats aidés, les déclarant inefficaces et coûteux, occultant une réalité plus complexe, et des conséquences plus larges sur l’économie. En effet, non-seulement l’impact de cette réduction drastique du nombre de contrats aidés sur l’emploi des plus fragiles sera massif dans les emplois à venir, mais l’impact sur le secteur non-marchand sera tout aussi dommageable.
Cet impact est d’ores-et-déjà visible en raison du non-renouvellement de nombreux Contrats Uniques d’Insertion dès l’été. De nombreux établissements scolaires, médico-sociaux ou associations de solidarité ont déjà annoncé un retardement de la rentrée scolaire, la réduction des services ou de leur activité pour faire face à cette situation. Si les grandes collectivités ont un budget et une activité suffisants pour s’adapter, pour les petites collectivités et les associations qui n’ont pas la voilure suffisante, une embauche ou un redéploiement budgétaire est impossible.
La situation est aujourd’hui critique pour un secteur associatif déjà affaibli, et qui se voit aujourd’hui obligé de reculer sur nombre de ses missions.
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