La mandature estudiantine 2015-2017 du Conseil National de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (CNESER) s’achève au terme du quinquennat de François Hollande. Si les corps intermédiaires ont pour habitude que les fins de quinquennat se terminent sur des statu quo, pour ne laisser aucun acteur politique saisir l’opportunité de monter une contestation en vue des élections à venir, ce mandat est pour le moins singulier.
Pour la FAGE, ce mandat aura été celui de bien des possibles. Pour la première fois première organisation étudiante ex-aequo, la FAGE s’est vue doter d’une capacité d’action qu’elle n’avait jamais eue jusqu’ici. C’est grâce à la confiance des élus, qui ont permis de doter la FAGE de cinq représentants au sein du CNESER que ces deux dernières années ont été ponctuées de victoires.
Pourtant, le CNESER est une instance consultative, mais c’est une tribune politique sans égale pour les sujets relatifs à l’enseignement supérieur et la recherche. Le poids des organisations en son sein est le reflet de son importance dans la communauté universitaire et de la confiance portée par les étudiants. Ainsi, son influence s’exerce au-delà des murs du seul Conseil et se reporte sur la capacité d’action de l’organisation auprès du gouvernement, des parlementaires ou encore des institutions.
Le CNESER est donc une tribune politique, sans commune mesure pour représenter les étudiants et porter le projet d’un système d’enseignement supérieur et de recherche qui permette à notre pays de faire face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain. La FAGE a mis un point d’honneur à y porter un projet qui permette aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche d’être des acteurs de transformation sociale. Pour assumer cette responsabilité, en démocratiser l’accès comme la réussite dans des études de qualité, apparaissaient comme autant d’objectifs prioritaires. Ce cap, c’est celui qui a mû l’équipe de la FAGE ces deux dernières années.
La FAGE a donc oeuvré pour que les établissements d’enseignement supérieur disposent des financements dont ils ont besoin pour remplir leurs missions, définies par les Stratégies Nationales de l’Enseignement Supérieur (STRANES) et de Recherche (SNR). Le développement des capacités d’accueil à l’entrée des universités ne peut être qu’une logique court-termiste face au besoin d’élévation du niveau de qualification, mais c’est un indicateur criant du besoin de réorganisation de notre système éducatif d’une part, et des manques de financement pour faire de la massification, une démocratisation de l’accès aux études supérieures. Pragmatique, la FAGE a appelé à l’augmentation du budget d’un milliard d’euros par an pour les dix prochaines années. Cette estimation a par la suite été corroborée par les travaux de France Stratégie, puis du livre blanc de l’enseignement supérieur et de la recherche.
La FAGE a usé de son influence pour dégager du consensus, sans compromission, pour sortir de la logique selon laquelle la diminution du financement de l’enseignement supérieur serait une économie pour la Nation. Ces négociations couplées à une stratégie d’influence ont su porter leurs fruits puisque pour la première fois de l’histoire de notre pays, le dernier budget de la Nation consacrait une augmentation de 850 millions du budget de l’enseignement supérieur. Dans le même temps, les frais d’inscriptions universitaires ont été maintenus et nous sommes parvenus, au terme de nos états généraux passés à proposer une alternative crédible et juste aux PARCs (prêts à remboursement contingent au revenu).
Cependant, les moyens financiers doivent s’accompagner de mutations profondes de l’architecture des études supérieures pour faire face aux enjeux devant nous. La FAGE a initié de nombreux sujets. De la spécialisation progressive à la promotion d’une approche par compétences, en passant par la réorganisation des formations en blocs de compétences dans une perspective de formation tout au long de la vie, notre action fut large et diffuse.
Nous avons saisi l’ouverture du CNESER sur le Conseil Supérieur de la Recherche et des Technologies pour faire du troisième cycle un axe prioritaire, et obtenir de nouvelles sécurisations des droits des doctorants au moyen de la création d’un cadre national de la formation doctorale. Imparfait, il pose cependant les premiers jalons d’une réponse d’ensemble aux difficultés que rencontrent les jeunes chercheurs.
La FAGE a su provoquer, mais aussi saisir des opportunités. La Grande Conférence de la Santé et le Plan National de Vie Étudiante ont tous deux constitué des moments structurants pour créer du consensus autour des positions que nous avons portées et promouvoir notre vision d’un enseignement supérieur plaçant en son centre l’étudiant, sa réussite et son autonomie.
Dans une société où les parcours tubulaires sont la norme, saisir l’ouverture d’un Plan National de la Vie Étudiante pour transformer les opinions et changer les représentations vis-à-vis des parcours étudiants n’a pas été une mince affaire. Et pourtant, en obtenant la création d’une perspective de césure, une reconnaissance des compétences en passant par des dispositifs permettant un meilleur recours aux droits sociaux ou encore une facilitation de la mobilité internationale, la FAGE a fait un pari gagnant. Les formations de santé ne sont pas en reste. La Grande conférence de la Santé (GCS) a permis de mettre au diapason les acteurs de la santé et de la formation en santé. C’est ainsi que de la promotion de l’interdisciplinarité en passant par l’accès à la recherche ou encore l’intégration universitaire, une dynamique est enclenchée pour de nouvelles victoires.
Le mandat 2015-2017 a été ponctué de discussions sur de multiples projets ou propositions de loi :
Le projet de loi relatif au droit des étrangers a consacré un droit au redoublement et la création d’un visa pluriannuel pour des étudiants internationaux, facilitant leurs démarches.
La Loi Travail a été l’occasion d’enclencher un débat sociétal sur le besoin d’une évolution structurelle pour permettre la formation tout au long de la vie (Protection Sociale et dispositifs de Validation des Acquis de l’Expérience).
La Loi Egalité et Citoyenneté a également été un temps fort pour valoriser nos revendications pour la mise en place de régimes spéciaux d’études à destination des étudiants dans des situations spécifiques. Ce fut également l’opportunité de rappeler l’importance d’avoir un travail de validation des compétences ou encore d’augmenter le nombre de places en BTS et DUT pour permettre à ceux qui souhaitent s’y orienter et requièrent ces espaces d’encadrement pour leur réussite de pouvoir y être admis sans difficultés.
Le mandat aura été ponctué par une dernière réforme majeure, celle du Master. Après des années de travail acharné pour une acculturation des acteurs, à dénoncer l’incohérence d’une sélection entre deux années au sein d’un même cycle et les conséquences sociales de celles-ci, nous sommes parvenus à enfin créer un droit nouveau, un droit à la poursuite d’études. Tandis que la France accueillera l’an prochain la prochaine conférence interministérielle du Processus de Bologne, elle a un devoir d’exemplarité si nous voulons impulser une nouvelle dynamique dans l’espace européen de l’enseignement supérieur. Cette dernière réforme aura donc permis de mettre un nouveau pied au sein de cet espace européen.
C’est ainsi qu’au terme de ce mandat, la FAGE aura su saisir et créer des opportunités pour obtenir de nouveaux droits pour les étudiants, et réorganiser les études pour tendre vers le système d’enseignement supérieur que nous appelons de nos voeux. A l’aube d’un nouveau quinquennat, de nouveaux élus se verront obtenir la confiance de leurs pairs. L’équipe candidate de la FAGE saura capitaliser sur cette dynamique pour aller plus loin et poser les bases de nouveaux droits pour les étudiants pour le quinquennat à venir.
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