Si, on peut penser comme Bourdieu que « la jeunesse n’est qu’un mot » tant l’hétérogénéité de cette jeunesse et des enjeux sous-jacents est grande, la nécessité d’une action publique spécifique en direction de la jeunesse ne fait aujourd’hui plus aucun doute. Frappés durement par la crise économique et par les disparités sociales et géographiques, les jeunes subissent de plein fouet les transformations de la société et du marché du travail, alors que l’action publique et la protection sociale apparaissent inadaptées face aux nouveaux enjeux de la jeunesse. L’enseignement supérieur français connaît lui aussi une crise durable entre des contraintes budgétaires et démographiques qui s’accroissent, et des besoins de formation en constante évolution.
Car la jeunesse constitue bien une période charnière de la vie, tant d’un point de vue économique, juridique, social que philosophique. Être jeune, c’est être dans une période d’apprentissage progressive de l’autonomie, entre la période de l’enfance et celle de sujet social complet, pour atteindre in fine, l’émancipation. Cette autonomie s’appréhende sous de nombreux angles, et si l’autonomie socio-économique (accès à des ressources, à un logement, à la formation à des droits sociaux) est centrale, la capacité à se construire personnellement, à prendre sa place dans la société, et à participer à la transformation sociale sont autant d’enjeux individuels et collectifs qui nécessitent une attention toute particulière des pouvoirs publics.
A l’heure du bilan, cette priorité affichée en 2012 mérite qu’on la compare avec la situation de 2017. Il ne s’agira néanmoins pas ici de dresser un simple parallèle entre des agrégats économiques et statistiques sociales de 2012 et 2017, les effets macroéconomiques et les évolutions sociales étant pour la plupart peu perceptibles à cette échelle, et l’approche strictement économique étant particulièrement réductrice en matière de politiques de jeunesse. Il s’agira en revanche de se placer dans une perspective politique, en prenant en compte les attentes exprimées par la société civile et les jeunes en général, que nous mettrons en balance avec la réalité des politiques publiques menées. En balayant les différentes thématiques, les textes de loi, les évolutions institutionnelles, nous pourrons ainsi dresser un bilan global de l’action publique en direction des jeunes. A défaut de pouvoir estimer si les jeunes vivent mieux en 2017 qu’en 2012, nous pourrons tout au moins nous assurer que le politique s’intéresse plus à la jeunesse en 2017 qu’en 2012.
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