Dix-huit ans après la déclaration de La Sorbonne qui a initié le Processus de Bologne, cette Loi a consacré deux éléments :
La création d'un droit nouveau, le droit à la poursuite d'études en Master,
La cohérence pédagogique entre les deux années du second cycle d’études supérieures.
Cette Loi vient ainsi mettre un terme à des années de statu quo. La sélection qui régnait entre les deux années suscitait de multiples problèmes. Son coût social était conséquent puisque des étudiants ayant validé une première année de Master pouvaient se retrouver sans perspective de poursuite d’étude en seconde année de Master et donc d’obtention du diplôme visé. Ainsi, ils se retrouvaient sans possibilité de valoriser leur niveau de qualification et ne pouvaient faire valoir que leur niveau de Licence sur le marché de l’emploi.
Au niveau de la formation, la sélection entre les deux années entraînait des disparités dans les cohortes entre les étudiants de première et ceux de seconde année de Master. De fait l’organisation de la première année de Master était davantage pensée en propédeutique en amont de la seconde année, avec des outils méthodologiques plus que d’être réfléchie de manière coordonnée avec une spécialisation progressive.
De l’adoption d’une loi à sa mise en pratique, le chemin est long. La FAGE faisait sienne la responsabilité de trouver une solution pour mettre un terme à cette double sélection au niveau du Master tout en consacrant un droit à la poursuite d’études.
Ce droit à la poursuite d’études a été profondément décrié par certains acteurs, mais rien ne peut justifier que des étudiants titulaires d’une Licence se retrouvent sans perspective de poursuite d’études dans un Master qui soit en lien avec sa Licence d’origine. En affirmant l’inverse, le discours des acteurs revient à considérer que les diplômes nationaux de Licence qu’ils délivrent eux-même ne permettent pas de développer les compétences attendues pour une poursuite d’études. Ce serait grave aveu d’échec.
Il est aujourd’hui primordial de mettre un terme aux freins qui empêchent la mise en oeuvre de cette réforme. Cela requiert la mobilisation de tous les acteurs. Permettre une bonne orientation des étudiants en Licence vers le Master de leur choix nécessite la création d’outils qui soient suffisamment exhaustifs. Pour rompre avec les déterminismes, il faut sortir du jeu d'initiés et rendre l’offre de formation en Master lisible. La création de la plateforme trouvermonmaster.gouv.fr a vocation à présenter la diversité de l’offre de formation et de permettre aux étudiants de faire leurs choix. Faire un choix, ce n’est pas s’appuyer sur un nom, c’est savoir ce qui se cache derrière chacune de ces formations. Aujourd’hui, le compte n’y est pas et l’absence de retour de certains établissement est relativement inquiétante en ce qu’il signifierait que les établissements ne sont pas en mesure d’apporter une lisibilité de leur propre offre de formation ou sur ce qu’il est recommandé d’avoir acquis comme compétences au préalable pour suivre de manière efficiente les enseignements dispensés.
Donner les clés à chacun de pouvoir candidater de manière équitable, c’est aussi être transparent sur les éléments qui sont pris en considération pour l’examen des candidatures de sorte que l’on sorte de la logique d’initiés où seuls ceux qui disposent des codes se retrouvent propulsés en haut des piles de candidature.
Créer un droit à la poursuite d’études, cela signifie permettre à chacun de suivre un enseignement du second cycle qui ne soit pas pleinement déconnecté de ses études en Licence et en lien avec son projet professionnel. C’est aussi lui permettre de s’y rendre. Dans ce cadre, la création d’une aide à la mobilité n’est pas une option. Il faut, en effet, mettre un terme aux freins financiers par la concrétisation d’une aide à la mobilité, pour permettre à un étudiant souhaitant poursuivre ses études dans un Master potentiellement éloigné de son lieu d’études en Licence
Enfin, l’accord conclu en fin d’année dernière prévoyait que des dérogations provisoires soient prévues dans les études en droit et en psychologie. Pour la FAGE, il n’est pas envisageable que d’autres formations fassent l’objet de dérogations et une solution doit émerger pour qu’un droit à la poursuite d’études devienne une réalité pour ces filières également. Deux masters en psychologie sur trois devraient à la rentrée mettre en oeuvre la réforme et consacrer également ce droit à la poursuite d’études mais le droit ne saurait être un ovni dans un espace en mutation.
La FAGE est également vigilante quant à la fixation éventuelle de capacités d’accueil pour s’assurer qu’il n’y ait pas de diminution globale du nombre d’étudiants prévus par Master à la rentrée, cela ne ferait aucun sens ni au niveau pédagogique, ni en vue de leur insertion professionnelle. C’est pourquoi la FAGE salue les propos de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, à l’occasion d’une Conférence des Recteurs, le 7 février dernier, leur demandant qu’aucune approche malthusienne ne soit mise en place ni que l’on observe de diminution des capacités d’accueil.
La FAGE continuera de pousser pour le développement de la plateforme trouvermonmaster.gouv.fr afin de lui donner une utilité réelle en servant d’outil aux étudiants pour rechercher celui qui correspond le mieux à leur projet mais aussi pour permettre aux étudiants de candidater aux diplômes nationaux de Master par le moyen de la plateforme afin de faciliter le traitement des dossiers et faciliter la prise en charge des étudiants qui se retrouveraient sans perspective. C’est n’est qu’à ce moyen que l’on pourra concrétiser sans difficulté, le droit à la poursuite d’études pour lequel la réforme a été pensée.
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