Alors que la campagne de l’élection présidentielle bat son plein et que les débats de fond peinent à émerger, les candidats tardent à mettre sur la table de véritables propositions en faveur des jeunes. Prétendant émanciper la jeunesse, très nombreux sont les candidats à proposer la réinstauration d’un service national obligatoire, le plus souvent militaire. Cette mesure, c’est l'arbre démagogique qui cache la forêt du manque total d’ambition pour la jeunesse dans les différents projets.
Nos responsables politiques ont décidément une bien belle image des jeunes et de leur engagement ! À croire qu’à gauche
comme à droite, le “Jeune”, entité homogène, est individualiste, feignant, penché sur son téléphone à longueur de journée
et qu’un service militaire permettra de le remettre dans le droit chemin des valeurs de notre république. Quel mépris et quelle méconnaissance des jeunes et de leur engagement ! Quelle démagogie également, puisqu’aucun d’entre eux n’évoque le
financement nécessaire à cette proposition. Un financement qui serait bien mieux investi en faveur de l’éducation ou de
l’accès à l’autonomie. N’avez-vous donc rien d’autre pour la jeunesse ?
C’est un énorme pas en arrière, fruit d’un véritable fantasme qui considère qu’un service national obligatoire imposé par la
nation permettra à la jeunesse, dans toutes ses composantes, de mieux « filer droit ». Une approche punitive. En se détournant
des horizontales organisations du lointain XXème siècle, partis politique désertés et syndicats peinant à se repenser, les
jeunes ne s’éloignent ni de l’engagement, ni de la politique. C’est, en réalité, tout à fait le contraire : nos générations sont
probablement, parmi celles des dernières décennies, les plus sensibles à l’engagement citoyen, au monde qui les
entoure, à la chose publique, à la vie de la Cité. Si cette sensibilité se mue dans des codes et pratiques nouvelles, s’exprime
par des choix et usages inédits, la réalité est bel et bien là : la jeunesse n’est pas résignée à regarder le monde se (dé)faire
sans agir. L’y contraindre reviendrait à casser cette volonté de s’engager, d’agir, de participer, qui n’existe que parce qu’elle
est intrinsèquement volontaire et consciente.
D’aucuns promeuvent le service civique obligatoire comme un moyen de permettre une réelle mixité sociale. Si elle doit
être promue, ce doit être au moyen de notre système éducatif. Aujourd’hui inégalitaire, son organisation doit être repensée
tout en le dotant des moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions.
La FAGE réaffirme son opposition totale à la mise en place de tout service national obligatoire, et attend des candidats
qu’ils reconsidèrent leur vision de l’engagement des jeunes. Les citoyens, appelés aux urnes, méritent mieux que des
propositions qui surfent sur les enquêtes d’opinion, déconnectées de la réalité du terrain. Service national obligatoire, sélection
à l’entrée de l’université : n’avez vous que le recul et la contrainte à proposer ?
La FAGE tient à rappeler que la jeunesse doit être une priorité du prochain gouvernement. Si permettre à tous les jeunes
sans distinction de s’engager librement est un objectif essentiel, la priorité absolue doit être l’accompagnement
de tous les jeunes vers la formation et vers l’emploi, conditions nécessaires de l’autonomie d’une génération qui
refusera d’être sacrifiée. C’est ce qu’attendent les jeunes, et c’est sur ces priorités que les candidats seront jugés.
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