Si le rôle essentiel du stage dans l’apprentissage des compétences sociales et professionnelles n’est pas à remettre en cause, les périodes de stage divergent tant par les conditions d’accueil des stagiaires que par la réalité de l’apprentissage sous-jacent. Stages non-rémunérés, conditions d’accueil déplorables, « stages photocopieuse » sans aucun apprentissage, nombreuses sont les situations dans lesquelles les stages s’apparentent à des situations subies, voir coûteuses.
Obligatoires dans de très nombreuses formations, les stages doivent ainsi comprendre une dimension d’apprentissage en lien avec l’objet de la formation. L’apprentissage par l’expérience, « learning by doing », constitue donc l’objet central d’un stage, qui ne saurait se réduire ni à une main d’œuvre bon-marché ni à un rite de passage pour accéder à l’emploi. Dès lors, la question de l’encadrement, tant par l’entreprise ou l’administration d’accueil que par l’établissement de formation apparaît centrale, tant l’accompagnement individuel adapté est une condition d’un stage vecteur d’apprentissage. Ainsi, le rôle des tuteurs et des enseignants-référents, trop souvent négligé, se doit d’être remis au centre des stages tout en assurant une formation adéquate de ceux-ci, à l’instar des tuteurs des volontaires en service civique.
Plus encore, de par l’éclatement géographique des lieux de formation et stage, l’accès à des terrains de stage en lien avec la formation nécessite souvent une mobilité régionale, nationale voire internationale. Dès lors, la réglementation française, le niveau de rémunération (bien qu’exemplaire comparé à d’autres pays), et le manque de dispositifs d’aide à la mobilité des stagiaires apparaissent comme un immense frein dans l’accès aux stages.
Ainsi, la gratification de stage obligatoire pour les périodes de plus de 2 mois, introduite par la loi Khirouni de 2014, de 3,6€/heure de présence effective, soit environ 500€/mois, apparaît comme largement insuffisante pour vivre. De plus de 400€ sous le seuil de pauvreté, cette gratification minimale ne prend pas en compte la mobilité des stagiaires sur le territoire qui doivent ainsi se loger, se déplacer et se nourrir. Les stages s’effectuant souvent dans des grandes agglomérations au coût de la vie élevé, et ne permettant pas aux stagiaires de travailler à côté, contrairement aux périodes d’études, ceux-ci subissent une double peine et peuvent connaître des situations particulièrement précaires.
Enfin, de nombreux cursus universitaires connaissent des situations particulières ou des statuts dérogatoires. Ainsi, les étudiants des écoles d’ingénieur connaissent de nombreux stages inférieurs à deux mois tout au long de leur cursus et ne donc pas gratifiés. De même, les étudiants en maïeutique ou en médecine, durant l’externat, connaissent des gratifications de stage inférieures de 50 % à celles de la loi.
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