En Juillet 2013, la loi relative à l'Enseignement supérieur et à la Recherche, dite loi « Fioraso » introduisait une nouvelle mesure relative à l’entrée dans l’enseignement supérieur : le dispositif « Meilleur Bacheliers ». Cette mesure, décrite à l’article L. 612-3-1 du Code de l'Éducation prévoit que les meilleurs bacheliers, sur la base de leurs résultats au baccalauréat, bénéficient d’un droit d’accès dans les formations sélectives de l’enseignement supérieur.
Les arguments du ministère avaient alors porté sur l’intérêt présumé d’accorder à chacun une chance d’accéder aux formations « d’élite » de l’enseignement supérieur, et ce quel que soit le lycée d’origine du jeune bénéficiant du dispositif. Pourtant, dès les prémices de ces discussions la FAGE avait fait état de son scepticisme portant à la fois sur le dispositif, et sur ses motivations.
Ainsi, si le problème d’autocensure d’une partie des jeunes au moment de leur choix d’orientation est réel et prégnant, celui-ci ne se joue pas en Terminale, et ne pourra certainement pas trouver sa résolution dans un dispositif si tardif. Par ailleurs, il nous était alors insupportable de constater que le ministère lui-même jouait le jeu de l’Université-Bashing, en sous-entendant que la place des « meilleurs bacheliers » n’est en tout état de cause pas à l’Université.
Aussi, la notion même de « meilleurs bacheliers » doit nous interroger. Peut-on vraiment considérer qu’une épreuve terminale, qu’un examen couperet trop légèrement adossé au contrôle continu et incitant au bachotage soit en capacité de donner une vision solide de l’acquisition des compétences ciblées ? Ne doit-on pas garder à l’esprit que chacun réagit différemment à la pression d’un examen terminal, indépendamment de son degré de maîtrise des compétences examinées ? Ainsi, la question des « meilleurs bacheliers » se pose : qui sont-ils ? Aux yeux de qui ? Au regard de quels critères ?
Un autre argument à la nécessité d’un tel dispositif était qu’une réduction de la reproduction sociale opérée au sein des formations sélectives était possible en y proposant une place à un pourcentage identique de bacheliers de chaque lycée. C’était là encore un pari audacieux, sachant que les déterminants socio-culturels pèsent pour beaucoup dans la capacité à obtenir une bonne moyenne au baccalauréat. Et ce, au cœur de chaque lycée, même de ceux accueillant des publics aux besoins d’accompagnement plus élevés, au sein de territoires aux contextes socio-économiques plus complexes. Enfin, il faut rappeler qu’en guise de bilan après plusieurs années d’expériences, le dispositif « Meilleurs Bacheliers » ne concerne que 2 700 lycéens, soit moins de 4% du public qui y serait éligible..
C’est donc au sujet d’un dispositif mal ciblé, s’appuyant sur une analyse superficielle des racines de la ségrégation sociale dans le supérieur, dénigrant le modèle universitaire –celui du service public, de l’accès et de la réussite de tous- et affichant finalement un taux de recours ridicule que la FAGE avait exprimé, à raison, des doutes sérieux.
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