A la veille des premières discussions interministérielles pour la construction du budget de l’an prochain, un projet de décret d’avance budgétaire prévoit d’annuler 256 Millions d’euros de crédits de la MIRES (Mission Interministérielle « Recherche et Enseignement Supérieur ») en vue de « financer plusieurs dépenses urgentes de l’Etat ».
Pourtant, notre système éducatif et a fortiori notre système d’enseignement supérieur et de recherche fait face à de multiples enjeux. Ces enjeux peuvent être transformés en autant d’opportunités pour autant qu’on lui permette d’y faire face.
L’augmentation de la démographie étudiante universitaire est primordiale. En permettant une élévation du niveau de qualification de la société, elle revêt un impératif démocratique évident, pour autant qu’elle n’exacerbe pas les inégalités sociales. Cette élévation du niveau de qualification relève également de l’impératif économique, dans un contexte de mutation profonde de l’organisation du travail et à la veille d’une nouvelle révolution numérique. Cette dernière transformera profondément les différents métiers, et il apparait nécessaire d’anticiper les nouveaux besoins de qualification et les aspirations individuelles et collectives à une mobilité sociale. Face à la diversité des profils, l’organisation des enseignements ainsi que les modalités pédagogiques employées seront nécessairement impactées. Dans un contexte de mutations profondes, le besoin en innovation est croissant. Il est assumé par les multiples organismes de recherche qui font également face à des difficultés de fonctionnement. Dans cette perspective, peu de cas est fait aux investissements nécessaires à l’anticipation des enjeux.
Dans une lettre en date du 21 avril 2016, François Hollande affirme que "l'augmentation continue des effectifs appellera bientôt des ajustements budgétaires pour y faire face". "Je saurai les prescrire, le moment venu", assure le Président de la République en dressant l’enseignement supérieur et la recherche comme priorités du pays.
Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat à l’Enseignement Supérieur et la Recherche, a eu l’occasion d’exprimer à plusieurs reprises la nécessité d’un investissement dans ce secteur. A l’occasion d’une table ronde tenue le 6 octobre 2015 à l’université Paris Dauphine, il soulignait en outre que « Consacrer un milliard d’euros en plus au supérieur est un choix politique mais la France en a les moyens ».
Or un projet de décret d’avance budgétaire prévoit aujourd’hui d’annuler 256 M€ de crédits de la MIRES ! Plutôt que de sanctuariser le budget de l’enseignement supérieur et de la recherche ou d’y investir, le gouvernement choisit d’en faire une variable d’ajustement du budget national.
Cette annulation de crédits porte essentiellement sur la recherche pour 168,7 M€, avec 134 M€ prélevés sur les fonds de roulement d’organismes de recherche (CNRS, CEA, INRA, INRIA), 23,1 M€ sur la recherche dans les domaines de l’énergie, du développement et de la mobilité durable, 6,6 M€ sur la recherche culturelle et la culture scientifique, 5 M€ sur la recherche spatiale, accentuant ainsi non seulement leur manque de moyen mais limitant d’autant leur capacité d’investissement.
L’enseignement supérieur voit son budget diminuer de 50,2 M€, et 26,05 M€ pour la recherche et enseignement supérieur en matière économique et industrielle. Enfin, 10 M€ sont supprimés du programme vie étudiante et 1,2 M€ du programme enseignement supérieur et recherches agricoles.
Pour la FAGE, le budget de l’ESR ne doit pas uniquement être une priorité dans le discours gouvernemental mais aussi dans ses actes. La FAGE appelle le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter d’atteindre un point de non-retour. Pour cela, le gouvernement doit faire le choix d’investir sans délais au moins à hauteur d’un milliard dans notre système d’enseignement supérieur et de recherche.
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