Formations en économie : Pour une université à l'image de la société de demain

18/06/14

Les appels à une rénovation des formations en sciences économiques se font de plus en plus pressants. Depuis quelques semaines, manifestes et rapports dénoncent une approche trop orthodoxe dans l'apprentissage de l'économie au sein de l'enseignement supérieur, tant en France qu'à l'échelle mondiale.

Pour un enseignement pluraliste de l'économie : l'appel mondial des étudiants

Le 5 mai dernier, l'ISIPE (International Student Initiative for Pluralism In Economics) a lancé son appel pour un enseignement de l'économie plus ouvert et pluraliste. Ce collectif, rassemblant des associations d'étudiants d'une trentaine de pays, dénonce le manque de diversité des théories économiques enseignées et appel à un changement de cap, permettant aux étudiants, les décideurs de demain, de penser les enjeux globaux du XXIème siècle grâce à la transmission d'une réelle diversité intellectuelle dans les universités.

Ainsi, plusieurs axes sont avancés pour rénover et ouvrir les formations en économie :

  • Mettre l'accent sur la diversification des écoles de pensées enseignées dans les cursus, en favorisant la confrontation des idées et en abordant une large variété de cadres théoriques.
  • Fournir une contextualisation et un regard critique sur la discipline économique et ses méthodes, via une approche pluridisciplinaire et un renforcement de l'enseignement de sciences connexes comme la philosophie et l'épistémologie économique.
  • Elargir les outils à la disposition des futurs économistes, notamment en donnant du sens aux méthodes, afin de comprendre la finalité de son action professionnelle.

Plus concrètement, l'ISIPE préconise quelques pistes d'actions :

  • Diversifier les profils de recrutement des enseignants-chercheurs, afin de faciliter l'apprentissage hétérodoxe des théories économiques ;
  • Développer de nouvelles méthodes et supports pédagogiques ;
  • Favoriser la pluridisciplinarité dans le champ des sciences sociales.

Partageant les constats et les solutions envisagées, la FAGE, sous l'impulsion de l'ARES -la Fédération nationale des Associations Représentatives des Etudiants en sciences Sociales- soutient naturellement à l'appel de l'ISIPE.

Le rapport Hautcoeur, un rapport enthousiasmant.

En France, ce débat est également d'actualité. En effet, Pierre-Cyrille Hautcoeur, président de EHESS et président de la commission Hautcoeur, a remis le 5 juin dernier un rapport ambitieux autour de "l'avenir de l'enseignement des sciences économiques à l'université en France" pour lequel il avait été missionné en juillet dernier par Geneviève Fioraso, alors ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Les missions données à cette commission étaient « d'analyser la situation actuelle de la filière sciences économiques, au regard du principe de la diversité des modèles théoriques, des interfaces disciplinaires et des voies de formation et d'insertion professionnelle pour les étudiants »

Le rapport qui fait état de six critiques majeures (inadéquation des théories économiques standards pour répondre aux crises nationales ou internationales, du manque de pluralisme théorique et de diversité disciplinaire des enseignements à l'Université, ou encore du mode de recrutement des enseignants chercheurs) découle sur une vingtaine de propositions pour une formation centrée sur les étudiants et adaptée aux enjeux du monde contemporain, se confrontant aux autres disciplines pour prendre conscience des limites des approches économiques.

L'accès est aussi mis sur l'importance d'une recherche ouverte, internationale et innovante afin de remédier aux dérives d'une évaluation unimodale de la recherche.

Ce rapport porte une ambition partagée par la FAGE sur l'évolution des cursus, notamment en sciences sociales, en préconisant entre autre la mise en place d'un réel Student Center Learning, une pluridisciplinarité de la formation, une spécialisation progressive en premier cycle, ... permettant de prendre en compte les attentes des étudiants et les besoins actuels et futurs de la société. Le récent rapport de la DGESIP rédigé par Claude Bertrand, et salué par la FAGE, allait d'ailleurs dans ce sens.

Encore faut-il dépasser les effets d'annonce et amorcer rapidement et concrètement les rénovations nécessaires au sein des composantes.

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous améliorer votre navigation, réaliser des statistiques de visites et vous donner accès à certaines fonctionnalités comme le tchat. En savoir plus et paramétrer les cookies individuellement