Depuis plusieurs mois maintenant, la FAGE est la seule organisation étudiante à s’être investie dans
l’élaboration du Plan Etudiants puis à avoir soutenu la philosophie de la réforme du premier cycle qui en découlait.
Cette réforme était censée mettre un terme au fiasco du tirage au sort et permettre d’apporter des réponses à
l’expansion démographique de la communauté étudiante tout en apportant les outils nécessaires pour favoriser la
réussite de tous les étudiants. Un soutien assumé, bien que sous conditions : la garantie d’un accès aux études
supérieures dans les meilleures conditions possibles pour chaque néo-bachelier aurait dû représenter le
coeur d’une réforme ambitieuse.
Pour cela, la promesse d’un investissement massif, d’une part pour augmenter les capacités d’accueil
des filières en tension ou risquant de l’être, et d’autre part pour assurer un accompagnement personnalisé, était
essentielle afin de croire en la réussite de ce projet de loi et de son application dans les établissements
universitaires. Par ailleurs, la place prépondérante du recteur constituait une garantie face à de potentielles dérives
locales.
Au lieu de voir ces ambitions se réaliser, nous avons du faire face à la mauvaise volonté de certains acteurs
créant une tension artificielle par la baisse des capacités d’accueil dans les formations, et donc la mise en place de
la sélection à l’entrée de celles-ci, ne respectant pas le principe du dernier mot au bachelier; un sabotage pur et
simple de la réforme.
Le 13 février, la Commission Mixte Paritaire (CMP) réunie sur ce texte a annihilé la philosophie initiale de la
réforme, en entérinant les amendements de la majorité sénatoriale. En effet, en plaçant l’insertion professionnelle
au centre du calcul des capacités d’accueil, les parlementaires oublient la mission principale de nos établissements
: la transmission, la conservation et la production de savoirs. À l’heure où la société est en pleine mutation et où de
nouveaux métiers se développent constamment, fixer les cohortes d’étudiants en fonction de la possibilité d’insertion
professionnelle dans le contexte français est une hérésie adéquationniste. La vision restrictive et irréaliste de la CMP
ne peut assurément pas correspondre au monde universitaire et aux enjeux, actuels et futurs, qui sont les siens.
La FAGE, première organisation étudiante, ne peut plus soutenir un texte vidé de sa substance
ne reflétant plus les aspirations des jeunes ni sa vision de l’enseignement supérieur.
C’est pourquoi nous demandons expressément au gouvernement et aux parlementaires de tenir leurs
engagements. Il est nécessaire de contrer le texte proposé par la CMP. Il ne peut y avoir d’autre solution que de
supprimer le critère de l’insertion professionnelle dans le calcul des capacités d’accueil. Une réforme de cette
ampleur ne peut être réduite à un consensus politique entre deux majorités parlementaires.
La FAGE demande à être reçue expressément par la Ministre Frédérique Vidal, afin qu’elle apporte des
garanties concrètes et tangibles qui garantissent que le nombre de places à l’Université soit conditionné, en priorité et
sans détour, par le nombre de candidatures des étudiants. Ces garanties doivent ainsi permettre de mettre un terme
à la sélection qui sévit par manque de places dans les formations en tension.
Si nous n’obtenons pas gain de cause, la FAGE prendra toutes les mesures qui lui semblent
nécessaires, y compris la mobilisation. Nous ne laisserons pas l’avenir des générations futures être sacrifié : il en
va de notre responsabilité collective.
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